Origine et histoire du Château de Crèvecoeur
L'ancien manoir, dit château de Crèvecœur, est un château fort des XIe et XIIe siècles situé à Crèvecœur-en-Auge (Calvados, Normandie). Profondément restauré en 1972, il est partiellement inscrit au titre des monuments historiques. Il se dresse en bordure de la RN13 au nord-ouest de la commune et avait pour rôle de commander la route de Caen. Un Jehan de Crève-Cœur est cité en 1195 dans un rôle de l'Échiquier de Normandie. Occupé par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans, le château fut endommagé puis reconstruit après 1448. Il avait été pris en 1417 par le duc de Clarence, et Henri V l'avait confié à la garde de Thomas Kirkelay. Dunois, après la libération de Falaise, reprit le château en 1448 lors du recouvrement de la Normandie par le roi de France. La forteresse appartint ensuite à la famille de Ferrières et passa par alliance à la famille de Montmorency à la suite du mariage d'Anne d'Aumont, fille de Françoise de Ferrières, avec Claude de Montmorency-Fosseux. C'est au château que l'évêque d'Évreux, Claude de Sainctes, demeura emprisonné et mourut, dit-on, empoisonné, en décembre 1591 à la suite de son arrestation par Henri IV. Conduit à Caen devant le Parlement de Normandie, il y fut condamné à mort pour haute trahison mais, après l'intercession du cardinal de Bourbon et d'autres prélats, le roi commua la peine en emprisonnement à perpétuité. Mis à sac et restauré à plusieurs reprises, le château fut abandonné et en grande partie démoli au XIXe siècle. À partir de 1972, ses vestiges furent dégagés et restaurés pour abriter un musée consacré à l'œuvre de Marcel et Conrad Schlumberger dans le domaine de la prospection pétrolière. Il est aujourd'hui la propriété de la fondation Schlumberger. Le château actuel, ancienne maison forte, occupe un site fossoyé plus ancien et ses parties les plus anciennes peuvent remonter à la fin du XIVe siècle. Ses abords pouvaient être plantés d'épineux pour renforcer la défense. Sur une motte entourée d'eau se dressent des vestiges des XIe et XIIe siècles, des enceintes, un donjon carré de la fin du Moyen Âge et un logis dont l'étage est en pans de bois. Dans la basse-cour subsistent des communs du XVIe siècle, un colombier carré de 1 500 boulins et une chapelle castrale des XIIe-XIIIe siècles. La poterne d'entrée, classée aux monuments historiques, est un élément remonté qui provient du manoir de Beuvillers, situé dans les faubourgs industriels de Lisieux. Les façades et toitures sont inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 26 décembre 1928, et la chapelle par arrêté du 23 avril 1954. L'emprise du château constitue un site naturel classé depuis 1943.