Château de Cricqueville-en-Auge dans le Calvados

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château de plaisance

Château de Cricqueville-en-Auge

  • Le Château de Cricqueville R.D. 49A
  • 14430 Cricqueville-en-Auge
Château de Cricqueville-en-Auge
Château de Cricqueville-en-Auge
Château de Cricqueville-en-Auge
Château de Cricqueville-en-Auge
Château de Cricqueville-en-Auge
Château de Cricqueville-en-Auge
Crédit photo : Pimprenel - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

4e quart XVIe siècle, 4e quart XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Château, à l'exclusion des parties classées : inscription par arrêté du 9 février 1927 - Façades, à l'exclusion de la façade postérieure, et toitures correspondantes (cad. A 46) : classement par arrêté du 9 septembre 1965 - Façades et toitures des communs (cad. A 46) : inscription par arrêté du 16 décembre 1996 - Les quatre cheminées du XVIe siècle (l'une au rez-de-chaussée adossée au mur pignon est et les trois autres à l'étage) (cad. A 46) : classement par arrêté du 17 juillet 1997

Origine et histoire du Château de Cricqueville-en-Auge

Le château de Cricqueville‑en‑Auge, situé à 150 m au nord‑ouest de l'église de la commune du même nom dans le Calvados (Normandie), est partiellement protégé au titre des monuments historiques. Reconstruit à la fin du XVIe siècle — la cheminée du rez‑de‑chaussée porte la date 1584 — il adopte le goût de la Renaissance tardive, notamment par un appareillage en damier de briques et de pierres de taille. L'édifice occupe l'emplacement d'un ancien château fort dont les douves ont presque disparu. D'après des analyses dendrochronologiques, une partie de la charpente remonte à la fin du XVe siècle, et le logis a connu des extensions au XVIe siècle ainsi que des transformations au XVIIIe siècle.

Le fief appartenait aux XIIIe et XIVe siècles à la famille de Silly, puis, à la fin du XVe siècle, à la famille de Launay (orthographiée aussi Launoi, Lannoy ou Launoy). Un registre de 1497 mentionne un Guillaume de Lannoy comme écuyer et seigneur de Criqueville. En 1540, la Recherche des élus de Lisieux indique que le seigneur de Cricqueville, un autre Guillaume de Launay et époux de Jeanne de Betteville, descendait d'un ancêtre anobli en 1467 ; Jeanne était la fille de Jacques de Betteville, seigneur de la Cour‑du‑Bosq, et de Marguerite le Veneur. Au XVIe siècle, Robert de Launay, fils de Guillaume et de Jeanne, épousa Marguerite Richard, fut nommé gentilhomme de la chambre d'Henri III et chevalier de l'ordre de Saint‑Michel, et fit ériger le château dont les hautes tours témoignent du prestige et de la richesse de son constructeur. Le domaine resta dans la famille au moins jusqu'en 1668. Avant 1675, Adrien Bence, conseiller et secrétaire du roi et seigneur du Breuil‑en‑Auge, devint seigneur de Cricqueville ; mort en 1696, il laissa le bien à sa fille Jeanne Philippe, épouse de Claude de la Fond, dont les descendants exercèrent le patronage de l'église jusqu'au XVIIIe siècle. En 1773, Philippe‑Guillaume Jacquier de Vieils‑Maisons devint propriétaire unique du domaine et fit transformer la façade sud donnant sur la cour d'honneur. Le château passa ensuite à Jean‑François Goupil en 1819, puis à M. Chevallier en 1847 ; la famille Chevallier conserva la propriété jusqu'au début des années 1930, après quoi la famille Lecoeur en fit l'acquisition.

L'accès à la propriété se fait par un portail en plein cintre ; le domaine est clos de murs et bordé d'une ligne continue de communs, tandis qu'un petit étang au sud occupe l'emplacement de l'ancienne basse‑cour. Le logis se distingue par le contraste entre sa façade nord, polychrome, et sa façade sud remaniée : la face nord présente un appareil en damier de briques et pierre de taille et trois pavillons carrés coiffés de toitures très hautes, le pavillon central abritant l'escalier. Une petite galerie à trois baies en plein cintre relie la tour centrale à la tour est et ouvre directement sur le jardin ; des lucarnes à ailerons, des corniches portées par de grosses consoles et des fenêtres hautes et étroites achèvent de caractériser cette façade conservée dans son état d'origine du XVIe siècle. La façade sud, transformée au XVIIIe siècle par la famille Bence, a été enduite : le rez‑de‑chaussée était originellement semblable à la façade nord et l'étage présentait des pans de bois en encorbellement ; on y a percé des fenêtres à deux vantaux, et quatre lucarnes de pierre encadrent un fronton triangulaire au‑dessus de la porte d'entrée. Les tours octogonales qui encadrent la façade sud sont de même hauteur que le corps de logis et couvertes d'ardoises.

À l'intérieur, l'élément le plus remarquable est un ensemble de quatre cheminées monumentales de la fin du XVIe siècle, aux manteaux plats et corniches saillantes, richement sculptées de motifs floraux, godrons, torsades et palmettes. Les piédroits de deux de ces cheminées sont ornés de cariatides d'inspiration exotique coiffées de plumes et de perles, et la cheminée du rez‑de‑chaussée porte la date 1584 ainsi que les armes de Robert de Launay et de Marguerite Richard. Les communs, restaurés à différentes époques, forment une ligne ininterrompue et conservent un pressoir avec son grenier à pommes accessible par un escalier extérieur et présentant une structure à pans de bois ; la bergerie, l'écurie et les étables ne servent plus à loger des animaux, et le colombier octogonal mentionné en 1793 a disparu.

Au titre des monuments historiques, le château est inscrit par arrêté du 9 février 1927 (à l'exclusion des parties classées) ; les façades, à l'exclusion de la façade postérieure, et leurs toitures sont classées par arrêté du 9 septembre 1965 ; les façades et toitures des communs sont inscrites par arrêté du 16 décembre 1996 ; et les quatre cheminées du XVIe siècle sont classées par arrêté du 17 juillet 1997.

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