Origine et histoire du Château de Crozant
Le château de Crozant domine une crête rocheuse aux pentes abruptes, entre la Creuse et son affluent la Sédelle, sur la commune de Crozant (Creuse). L'éperon a livré des traces d'occupation depuis le néolithique, puis aux âges du Bronze et du Fer et à l'époque gallo-romaine. Une forteresse primitive paraît avoir été édifiée autour de l'an mil, mais le château est attesté pour la première fois dans une charte des années 1200-1210 et a été remanié aux XIIIe et XVe siècles. Les Comtes de la Marche sont à l'origine des principales fortifications médiévales et ont mené des travaux importants au cours du Moyen Âge. Le site a résisté à des attaques durant la guerre de Cent Ans et a subi de nouveaux dommages au cours des guerres de religion ; il servait déjà de carrière de pierres dès le début du XVIIe siècle et était en triste état lorsqu'il passa entre différentes mains privées. Sous l'autorité de Richelieu, le château fut démantelé alors qu'il menaçait déjà ruine. En 1830 George Sand découvrit les ruines, qui attirèrent ensuite de nombreux peintres et contribuèrent à la renommée de la « Vallée des Peintres » entre Berry et Limousin. Les vestiges appartiennent à la Couronne depuis la confiscation des biens du connétable de Bourbon, puis furent acquis par des membres de la famille Foucault au XVIIe siècle; la commune a finalement obtenu les ruines après de longues négociations. Un syndicat mixte associe aujourd'hui le département de la Creuse, la Communauté de communes du Pays Dunois et la commune de Crozant pour conduire un important programme de conservation et de valorisation, avec des financements croisés de l'État, de la Région et d'autres partenaires. Les ruines et le sol des parcelles ont été classés au titre des monuments historiques par arrêté du 3 octobre 1997. Les vestiges couvrent une large partie de l'éperon et comprennent plusieurs enceintes successives, une chapelle, la « tour de l'eau » permettant d'accéder à la rivière à couvert, ainsi que un donjon de plan carré et plusieurs tours datées des XIIIe-XVe siècles. Quatre tours ont particulièrement subsisté sans avoir servi de carrière de pierre : la tour du Renard, qui a conservé son escalier, la tour Collin dotée d'une échauguette ou latrine, la dite « tour écorchée » et la tour carrée désignée comme donjon. Le fief de Crozant a appartenu successivement à divers seigneurs et maisons, parmi lesquels Géraud de Crosenc, la famille de Bridiers, les Plantagenêt, la maison de Lusignan, les Capétiens, plusieurs branches de la maison de Bourbon et la maison d'Armagnac. Les pierres et les parois rocheuses de la vallée sont liées à des légendes locales, comme celle du Rocher des fileuses et celle du diable ayant bâti le pont Charraud en une nuit après un pacte avec un habitant. Le site a inspiré des écrivains et des artistes : George Sand en a fait le décor d'un épisode du Péché de monsieur Antoine et de nombreux peintres impressionnistes et paysagistes, cités par l'historien d'art Christophe Rameix, ont célébré ses vues. Armand Guillaumin déclarait son émerveillement devant Crozant, et la bande dessinée Les Aigles décapitées propose une reconstitution romancée du château, comportant un dessin inversé du monument.