Origine et histoire du Château de Cucé
Le château de la Salette-de-Cucé se situe au lieudit Cucé, à l'extérieur de l'agglomération de Rennes, au sud de Cesson-Sévigné et à l'est du bourg de Chantepie. D'origine médiévale, la seigneurie de Cucé a été successivement possédée par les familles de Cucé, de Montbourcher, de Bourgneuf, du Boisgeslin et de Cahideuc. Le domaine fut érigé en châtellenie en 1570 puis en marquisat en 1644. Au fil des siècles il passa par alliances et ventes successives, et c'est la puissante famille de Boisgelin qui initia la reconstruction du château au XVIIIe siècle. Les travaux furent entrepris dans la seconde moitié du XVIIIe siècle par l'architecte Philippe Binet pour le cardinal Raymond de Boisgelin ; la demeure prit sa silhouette définitive vers 1867 lors d'une campagne conduite par la famille Conen de Saint-Luc. La façade et la toiture ont été inscrites à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques le 23 novembre 1970.
Le château se présente comme une construction imposante de treize travées, articulée en plusieurs corps de bâtiments aux toitures indépendantes et formant une succession de pavillons aux couvertures variées. L'avant-corps central, à pans coupés et surmonté d'un dôme, est encadré de pavillons cantonnés de tours carrées coiffées de toitures à longs pans brisés ; des corps en retrait et des ailes saillantes rythment la façade occidentale. Le premier étage est bordé d'un balcon en fer forgé soutenu par quatre consoles ornées d'enroulements et de feuilles d'acanthe, et le deuxième étage se termine par un grand fronton triangulaire mouluré décoré d'une rosace et de rinceaux. Au sommet, le dôme est percé d'une grande gerbière ornée de consoles inversées, de chutes de fruits suspendues à des anneaux et de têtes de lion sculptées. Les fondations reposent en partie sur d'anciens murs et la tour carrée nord, en pierre de taille de granite, pourrait être le vestige d'un ancien donjon ou d'une tour d'enceinte.
Sur la façade ouest, la construction nord renferme la chapelle actuelle, datant de la fin du XVIIIe siècle et remplaçant une chapelle plus ancienne ; son abside est à pans coupés. L'orangerie, contemporaine du château, a une architecture simple en plan massé avec une toiture à longs pans brisés et faisait pendant à une chapelle aujourd'hui détruite. Le chartrier, petit bâtiment au plan massé coiffé d'une toiture en pavillon et flanqué d'une tourelle demi hors-œuvre côté est, a servi d'archives puis de logement de jardinier ; ses percements datent des XVIIIe et XIXe siècles.
Les dépendances agricoles sont regroupées en métairies au sud et au nord de la cour. Le logis sud, soigné sur ses façades nord et sud, présente des lucarnes aux piédroits bagués qui suggèrent une datation autour de 1600 ; il conserve une grande cheminée monumentale et un escalier en vis en bois desservant l'étage de comble, tandis que deux arcades en façade nord indiquent l'usage de dépendances au rez-de-chaussée. Les parties agricoles de cette exploitation datent de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle et un four à pain surmonté d'un colombier, mentionné oralement, est aujourd'hui envahi par la végétation. À l'ouest, la métairie nord comprend des parties agricoles plus anciennes, notamment une aile qui borde la cour avec des ouvertures chanfreinées et des grilles évoquant le XVIe siècle ; le logis semble dater du XIXe siècle et un nouveau pavillon de chasse au toit débordant et ornements de lambrequin a été édifié au début du XXe siècle.
Après 1890, la propriété appartenait à la famille Langlois, qui loua le domaine aux pères de la Salette en 1939 ; ces derniers y installèrent une école de missionnaires puis devinrent propriétaires après la guerre, et firent édifier un bâtiment en prolongement du château à cette époque. Une légende locale rapporte qu'au pied d'un grand « chêne béni » auraient été enterrés des bijoux et de l'argenterie pendant la Révolution.