Période
4e quart XVIIe siècle
Patrimoine classé
Les parties bâties et non bâties du domaine du château de Dampierre, en totalité, comprenant le château avec ses dépendances, le Petit Parc, l'abreuvoir et la parcelle attenante au nord, le Grand Parc et le parc de Becqencourt, y compris le mur de clôture et l'ensemble de la statuaire, exception faite du châtelet d'entrée, du colombier et de la ferme du parc de Becqencourt, ainsi que que des pavillons et bâtiments annexes des portes d'entrées liées au mur de clôture, pour lesquels le classement est limité aux seules façades et toitures, le tout situé à Dampierre-en-Yvelines sur les parcelles n° 119 et 735, figurant au cadastre section B, et sur les parcelles n° 4, 6 à 9, 11 à 17, 20 à 37, 39, 41 à 48, figurant au cadastre section C, ainsi qu'à Saint-Forget, sur les parcelles n° 146 à 155, 165 à 176, 197, 352 et 367, figurant au cadastre section C, et tel que délimité en rouge sur le plan annexé à l'arrêté : classement par arrêté du 3 février 2022
Origine et histoire du Château de Dampierre
Le château de Dampierre, de style classique, s'élève dans le creux d'un vallon bordant la vallée de Chevreuse, à Dampierre-en-Yvelines, et s'inscrit dans un vaste parc dessiné par Le Nôtre. Il occupe l'emplacement d'un manoir primitif rebâti au cours de la seconde moitié du XIVe siècle pour Nicole de la Fontaine, puis transformé au XVIe siècle pour Jean Duval, après les destructions de la jacquerie de 1358. Acquis en 1551 par le cardinal Charles de Lorraine, le domaine reçoit de nouvelles dépendances et un décor peint par Francesco Salviati en 1554 ; subsistent aujourd'hui des fondations et quelques bâtiments des communs de cette époque. À la fin du XVIIe siècle, entre 1675 et 1685, Jules Hardouin‑Mansart reconstruit le château pour Charles Honoré d'Albert, duc de Chevreuse, en agrandissant et homogénéisant le corps principal, en rehaussant certaines élévations et en aménageant une cour d'honneur bordée de longs bâtiments symétriques. L'architecte conserve des voûtes anciennes et des tourelles d'angle, réinterprète les parements locaux et ajoute un perron et un escalier franchissant la douve, tout en prolongeant l'aile des écuries et en créant des dépendances derrière l'entrée. Sous la direction des ducs d'Albert, des aménagements et décors successifs enrichissent le domaine : pavillons sur l'île de l'étang, grille d'honneur en fer forgé, orangerie et éléments sculptés réemploient des pièces des siècles précédents. Le château traverse la Révolution sans émigration de ses propriétaires et conserve une bibliothèque et des collections qui ont longtemps attiré l'attention des savants et des artistes. Au XIXe siècle, à la demande du duc Honoré Théodoric d'Albert de Luynes, Félix Duban restaure et reconfigure plusieurs espaces ; il rehausse des frontons, modifie ouvertures et balcons et conçoit une grande galerie néo‑antique destinée à recevoir des peintures commandées à Jean‑Auguste‑Dominique Ingres, qui entreprend L'Âge d'or mais ne termine pas la série. Plusieurs artistes et sculpteurs du siècle collaborent au décor : Hippolyte et Paul Flandrin, Pierre‑Charles Simart, Francisque Duret, Charles Gleyre et François‑Édouard Picot participent à la décoration des salons, du vestibule et de la grande salle d'apparat. Entre 1844 et 1855, une tentative de restitution d'une statue chryséléphantine de Minerve, conduite par l'orfèvre Henri Duponchel sur indications du duc et présentée à l'Exposition universelle de 1855, est installée devant L'Âge d'or. Une statue de Louis XIII en argent, commandée à François Rude et achevée dans les années 1840, orne un salon du rez‑de‑chaussée ; elle sera dérobée en 1985. Propriété de la maison d'Albert de Luynes de 1663 à 2018, le château est vendu en 2018 à Franky Mulliez ; le parc a rouvert au public à certaines occasions et des travaux de restauration ont été engagés pour permettre la réouverture progressive du monument et la reconstitution des jardins à la française, ainsi que l'accueil d'expositions et d'espaces locatifs. Le site a bénéficié de protections successives : inscription au titre des monuments historiques en 1928, classement du site en 1980 et classement du château et de la totalité du parc en février 2022. L'architecture révèle la rigueur classique par la disposition régulière des ouvertures, l'entrée monumentale précédée d'un large escalier et une façade ornée de colonnes et d'un fronton ; des boiseries de la salle à manger datent de l'époque Louis XIV et de nombreuses pièces ont été lambrissées sous Louis XV. La bibliothèque et les collections, décrites en 1908 comme très riches et comprenant manuscrits et archives, ont été en grande partie dispersées aux enchères en 2013, ainsi qu'une partie du mobilier entre 2016 et 2019. Le parc et les perspectives ont inspiré des artistes, notamment pour des études d'Ingres, et le château a servi de lieu de tournage pour de nombreux films et téléfilms, parmi lesquels Monsieur des Lourdines (1943), Nez de cuir (1952), la série D'Artagnan (1969), Danton (1983), Ridicule (1996), Marie‑Antoinette (2006) et Les Adieux à la reine (2012).