Origine et histoire du Château de Decize
Le château des comtes et ducs de Nevers domine Decize, au sud de l'ancienne province du Nivernais, sur un site dont les origines sont anciennes et où subsistent des vestiges d'un temple gallo-romain ; la plus ancienne mention écrite connue remonte à la fin du XIe siècle. Au XIIe siècle, le donjon, qui s'achève au nord en forme d'éperon, marque le début d'une importante campagne de construction aux XIIe et XIIIe siècles : tours, courtines et logis forment alors ce que l'on appelle le « château vieux », en opposition au « château neuf » du XVe siècle. Aux XIVe et XVe siècles, les logis sont profondément remaniés : le système défensif du XIIe siècle est conservé mais les ouvertures de tir sont repensées, des chemises sont édifiées autour des anciennes murailles pour permettre de plus larges fenêtres et le donjon ainsi que la façade sur la Loire, avec ses échauguettes, bénéficient de ces transformations. Les principaux seigneurs du comté ont régulièrement fait aménager, réparer ou embellir la résidence, parmi lesquels Mahaut de Courtenay et Jean Tristan au XIIIe siècle, Louis II de Maële et Philippe le Hardi au XIVe siècle, Bonne d'Artois au XVe siècle, Marie d'Albret au XVIe siècle, puis la famille Mancini-Mazarini aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le XVIe siècle marque une phase de transformation importante des logis, avec l'ajout d'un monumental escalier circulaire et d'une galerie couverte. Les archives, notamment des comptes de travaux conservés dans les archives départementales de la Côte-d'Or pour la période 1357-1405, renseignent sur l'ampleur et la richesse du château ainsi que sur les noms de certaines pièces, et d'autres documents évoquent des travaux aux ponts-levis, aux prisons, aux cuisines et au pressoir, même si ces mentions ne peuvent pas toujours être reliées précisément à la topographie actuelle. Le château a été régulièrement occupé et remanié entre le XIIe et le XVIe siècle, ce qui, avec sa vente à la fin du XVIIIe siècle au notaire de Decize par le dernier duc du Nivernais, Jules Barbon Mancini-Mazarini, explique en partie son état de ruine et la difficulté d'interprétation. La vente de 1778 et la découverte dans la ville de nombreuses pierres taillées et gravées de signes lapidaires laissent penser que Decize a réutilisé ces éléments dans la construction de nombreuses maisons ; l'observation du cadastre napoléonien confirme que beaucoup d'habitations construites à la fin du XVIIIe siècle et dans le second tiers du XIXe siècle remployèrent des pierres provenant du château. On recense sur ces pierres des marques alphabétiques, des signes numériques et des signes géométriques ; si certains signes sont des marques de pose, la plupart correspondent à des marques de tâcherons. Aujourd'hui, seuls subsistent les premiers niveaux d'élévation des différents corps de logis, à l'exception du donjon, et un belvédère aménagé sur les ruines surplombe la ville, la Loire et les environs. Le château est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 14 septembre 1932.