Origine et histoire du Château de Dijon
Le château royal de Dijon, forteresse du XVe siècle, se dressait à l'emplacement de l'actuelle place Grangier ; il n'en reste rien de visible aujourd'hui. Après la mort de Charles le Téméraire, Louis XI entreprit la reconquête de l'État bourguignon et, à partir de 1478, ordonna la construction de places fortes à Dijon, Beaune et Auxonne, confiant la maîtrise d'œuvre à Vauzy de Saint-Martin. L'imposante forteresse, achevée vers 1510 sous Louis XII, était conçue sur un plan carré avec quatre tours d'angle reliées par des courtines au-dessus de fossés, deux boulevards côté ville et côté champs, ainsi que des porteries munies de pont-levis. Elle comportait des embrasures pour armes à feu à double ébrasement dites « à la française » (vers 1483), parmi les plus anciennes attestées. Le château s'appuyait sur le rempart urbain, lui-même formé de dix-huit tours et douze portes, et s'étendait entre la porte Guillaume (place Darcy), la tour Poinsard Bourgeoise proche de la rue du Château et l'emplacement partiel de l'actuel Hôtel des Postes. Malgré ces défenses, la forteresse ne put empêcher le siège de Dijon en 1513 et fut également assiégée lors des guerres de la Ligue catholique et pendant la Fronde. Aux XVIIIe siècle elle fut transformée en prison d'État, où furent détenus, entre autres, le chevalier d'Éon et Mirabeau — ce dernier s'en évada — puis, après la Révolution, en caserne de gendarmerie. Au XIXe siècle, des intellectuels, dont l'architecte Charles Suisse, obtinrent son classement aux monuments historiques, mais la fronde de l'opinion dijonnaise entraîna son déclassement le 5 juillet 1887 et sa démolition par morceaux entre 1891 et 1897. Des vestiges souterrains furent redécouverts en 1923 et 1936, notamment la galerie de contremine du grand fer à cheval de Louis XII ; ces vestiges furent à nouveau protégés par un arrêté du 25 mars 1941. Au XXe siècle, un magasin Renault avec garage, édifié en 1924 par l'entrepreneur Augras, occupa une partie de l'emplacement, et une construction s'est tenue sur ce site entre 1986 et 1991. Aujourd'hui, rien du château n'est visible place Grangier ; seuls subsistent de très rares vestiges et représentations, exposés notamment au musée archéologique de Dijon, et quelques fragments des anciens remparts et portes urbaines (Porte Guillaume, Porte Saint-Pierre, vestiges rue de Tivoli).