Origine et histoire du Château de Dinan
Le château de Dinan est un ancien château fort situé au sud de la ville de Dinan, dans les Côtes‑d'Armor, en Bretagne. Classé au titre des monuments historiques par arrêté du 12 juillet 1886, il a été construit au XIVe siècle sur l'emplacement d'une motte castrale plus ancienne. Cette motte, dite « vieil chastel » ou « Châteauganne », remontait au XIe siècle et se trouvait sur un promontoire au nord‑est de la ville ; elle fut détruite vers 1170 et n'en subsiste aujourd'hui que le toponyme. La tapisserie de Bayeux illustre l'expédition de 1064 et les prises successives de forteresses, dont Dinan, montrant notamment la reddition et des tentatives d'incendie de la palissade sommitale. Après la guerre de succession de Bretagne, Jean IV fit édifier à Dinan une tour maîtresse vers 1380, chantier conduit par le maître d'œuvre Étienne le Tur et achevé à la fin du siècle. La tour, formée de deux tours rondes accolées et d'un avant‑corps carré à l'ouest, culmine à plus de trente mètres et se distingue par un couronnement à mâchicoulis à quatre ressauts ; elle était à l'origine couverte d'ardoises. À la fin du XVe siècle fut élevée la tour Coëtquen, tour d'artillerie liée aux travaux de modernisation de l'enceinte, puis l'ensemble fut transformé au XVIe siècle par le duc de Mercœur. Sous son impulsion, la tour maîtresse fut reliée à la tour Coëtquen par une gaine dite « souterrain Mercœur », la porte du Guichet fut murée et une cour‑haute protégée par des structures en éperon fut aménagée, les embrasures étant alors orientées vers la ville. Délaissé au XVIIe siècle, le monument fit l'objet de rapports en 1693 et 1701 de l'ingénieur Siméon Garangeau, qui préconisa sa transformation en résidence puis en prison militaire. Pendant le XVIIIe siècle, des marins anglais y furent détenus en grand nombre ; la toiture fut remplacée par une terrasse et le chevet de la chapelle percé pour ouvrir une nouvelle entrée. Devenu prison de droit commun au XIXe siècle, il fut racheté par la ville au début du XXe siècle et accueillit un musée municipal à partir de 1908 ; les collections ont été retirées progressivement en 2015 pour être conservées en réserves. En 2014, la municipalité a lancé un vaste programme de restauration et de mise en valeur fondé sur d'importantes recherches historiques. L'ensemble est composite : la tour ducale du XIVe siècle, la porte du Guichet — ancien accès méridional de la ville — et la tour Coëtquen s'inscrivent dans l'enceinte urbaine du XIIIe siècle édifiée par les ducs de Bretagne. La tour‑palais de Dinan, par la complexité de son plan et la qualité de ses décors, figure parmi les grandes demeures princières de la fin du XIVe siècle et, à l'échelle de la Bretagne, témoigne du raffinement de la cour des Montfort aux côtés de monuments comme Nantes ou Suscinio. À l'origine elle comportait un sixième niveau et une toiture à double sommet d'ardoises, mentionnée en 1636. La distribution intérieure, sur cinq niveaux, reflète sa vocation résidentielle : cuisine, salle de banquet, chambre de parement avec chapelle, chambre de retrait et appartements privés. Ouvert au public tous les jours d'avril au 30 septembre, puis du mardi au dimanche d'octobre à décembre, le site a connu une fréquentation en hausse depuis 2013. Avec plus de 55 000 visiteurs en 2019, il est le monument le plus visité de la ville et le second château des Côtes‑d'Armor en nombre de visiteurs après le Fort‑la‑Latte. Les aménagements inaugurés le 9 juin 2019 ont rouvert au public le souterrain Mercœur, restitué l'emprise de la cour d'honneur et introduit une nouvelle scénographie axée sur l'art de la guerre au XVe siècle et la vie quotidienne dans les résidences princières, faisant largement appel à l'archéologie expérimentale. De juin à septembre, plusieurs visites thématiques sont proposées quotidiennement. Parmi les éléments exposés figurent notamment un vaisselier domestique des XIVe‑XVe siècles et des latrines ; le château a également servi de décor au film Du Guesclin (1948).
