Origine et histoire du Château de Domeyrat
Les ruines du château fort de Domeyrat se présentent comme un donjon-résidence rectangulaire cantonné de tours rondes à chacun de ses angles. L'édifice principal est daté du XVe siècle, mais les moëllons et la maçonnerie laissent apparaître trois phases de construction superposées et une partie basse qui pourrait remonter aux XIIe ou XIIIe siècles. Le château ne comportait pas de cour intérieure et était entouré d'une seconde enceinte de tours et de courtines aujourd'hui disparue. Un bâtiment en saillie sur la face nord comprend deux pièces distinctes qui pouvaient servir de latrines, et l'entrée paraît avoir été située au sud‑ouest, protégée par une barbacane. Deux tours d'angle conservent des vestiges de peintures murales : l'une présente des scènes de chasse, des amours et des arabesques du XVIe siècle, l'autre des scènes religieuses du début du XVIIe siècle. Des tuyaux en terre cuite mis au jour sur le site semblent avoir servi à alimenter une citerne.
Les fondateurs appartiennent à la famille des Papabeuf : la première mention connue, celle d'Étienne de Papabeuf, figure en 1114 dans un manuscrit de Sauxillanges au sujet d'un don de terres, et l'existence du château apparaît dans le recensement des vassaux d'Alphonse de Poitiers dressé entre 1250 et 1260, lorsque Astorgius et son fils Bertrand de Papabeuf rendent hommage pour le château d'Almayrac (Domeyrat). La famille resta propriétaire jusqu'en 1348, date à laquelle elle semble s'éteindre, peut‑être sous l'effet de la peste noire. Une période de succession voit alors se succéder divers seigneurs et habitants : Pierre de Montaigut est cité en 1368, puis Catherine de Châteauneuf en 1375 qui cède alors une moitié de ses terres à Adhémar Jory, une vente qui ne mentionne que des terres et suggère la possible dégradation ou l'abandon du château pendant les troubles de la guerre de Cent Ans. Domeyrat revient ensuite à la famille de Langheac ; Pons de Langheac est reconnu seigneur en 1387, son fils Jean lui succède comme sénéchal d'Auvergne et hérite de la seigneurie au début du XVe siècle. Jean épouse Marguerite Gouges, nièce de Martin Gouges, évêque de Clermont, et sous l'influence de celui‑ci l'édifice bénéficie d'un remaniement important entre 1431 et 1435, fait qui lui vaut d'être parfois qualifié de « second bâtisseur » du château.
La famille de Langheac reste propriétaire jusqu'en 1619, date de l'extinction de la dernière descendante, Françoise de Langheac, qui apporte Domeyrat par son mariage à la maison de La Rochefoucauld ; Françoise et Jacques de La Rochefoucauld agrandissent le domaine en 1591 et le transmettent à leur fils, la seigneurie étant ensuite partagée entre héritiers, dont François qui fut l'un des derniers seigneurs résidants. L'héritier Henry de La Rochefoucauld, établi à Brassac et accablé de dettes, vend Domeyrat en 1656 à Christophe de Beaune, puis le château est progressivement délaissé. Le dernier seigneur, criblé de dettes, abandonne la propriété à ses créanciers François‑Marie et Louis François Marie Fargès en 1773 ; après leur décès, les filles mineures héritent du domaine. La Révolution conduit au partage du domaine entre les communes de Domeyrat, La Chomette et Montclard, puis à la mise en vente par lots entre 1793 et 1795 ; le démantèlement intervient en 1794.
Le Conseil général de la Haute‑Loire a racheté le monument à différentes familles et il est classé au titre des monuments historiques depuis le 30 décembre 1983. Depuis le 1er avril 2018, l'association Domeyrat Réinventé en assure la gestion dans le cadre d'un bail emphytéotique de cinquante ans avec le département ; elle prend en charge l'entretien, l'animation et la restauration et a lancé une étude avec l'agence Christian Laporte, architecte du patrimoine.