Origine et histoire du Château de Domfront
Le château de Domfront, aujourd'hui en ruine, occupe l'extrémité ouest d'une crête de grès dominant la cluse de la Varenne de plus de 70 mètres et commandant les marches méridionales du duché de Normandie. Ses vestiges se dressent sur le territoire de l'ancienne commune de Domfront, dans le département de l'Orne, au sein d'un parc public libre d'accès situé à 400 mètres au nord‑ouest de l'église Saint‑Julien. Au début du XIe siècle fut édifiée une première fortification principalement en bois, qui attira les populations voisines et favorisa la fondation de la ville. Le donjon, reconstruit vers 1120 et élevé en grand appareil roman, forma l'un des plus imposants de Normandie ; il subsiste aujourd'hui deux pans nord et est, conservés sur une hauteur de vingt‑huit mètres avec des murs d'environ trois mètres d'épaisseur. À proximité subsistent les restes d'une chapelle castrale de style roman, la chapelle priorale Saint‑Symphorien, ruinée probablement lors du démantèlement du château. Entre 1289 et 1304, Robert II d'Artois fit édifier les murailles, le pont‑levis et l'essentiel des casemates ; l'enceinte est comprend notamment deux tours du XIe siècle, un chemin casematé, deux tours polygonales formant la tête du pont‑levis et un fossé. Un tronçon du mur d'enceinte nord est conservé avec une tour, une poterne pourvue d'un mâchicoulis, une bretèche, un fossé et le rempart qui reliait l'ensemble à l'enceinte urbaine. Le château a été l'enjeu d'innombrables luttes : il a subi treize sièges au cours de son histoire, impliquant des acteurs tels que Geoffroy Martel, Guillaume le Conquérant, Henri Beauclerc, Philippe Auguste, des troupes bourguignonnes et anglaises, ainsi que des factions protestantes. Propriété de seigneurs normands puis des Plantagenêt, il fut lié à des personnages illustres — Aliénor d'Aquitaine y séjourna et y reçut Domfront en douaire, Aliénor de Castille y naquit, et Henri II y tint des assemblées et remania la place. En 1204, dans le cadre de l'annexion de la Normandie, Domfront passa aux mains de Philippe Auguste puis connut plusieurs changements de seigneurie entre familles royales et seigneuries locales. Des rénovations au XIVe siècle renforcèrent la forteresse, qui résista notamment aux attaques du duc de Bourgogne en 1412. Au cours des guerres de Religion, le donjon fut brièvement pris par des capitaines protestants puis repris après bombardement ; Gabriel Ier de Montgommery s'y rendit en 1574 et fut ensuite livré à la justice royale. Henri IV imposa des démolitions et Sully ordonna le démantèlement du château en 1608, démolition qui fut réalisée en 1610. Le site comporte, autour du donjon, les vestiges d'un logis et des casemates souterraines du XIIIe siècle, ainsi que les restes de l'enceinte de la citadelle flanquée de tours qui dominait le fossé séparant le château de la ville. Les ruines font l'objet de restaurations menées depuis 1984 par l'Association pour la restauration du château de Domfront. Les ruines du donjon sont classées au titre des monuments historiques (liste de 1875) et l'enceinte avec ses remparts, tours, bretèches, casemates et les chapelles Sainte‑Catherine et Saint‑Symphorien est protégée par arrêté du 18 février 1986 ; l'enceinte de la ville bénéficie d'un classement distinct par arrêté du 13 octobre 1988.