Origine et histoire du Château de Dourdan
Le château de Dourdan est un ancien château fort situé dans la commune de Dourdan, en Hurepoix, dans l'Essonne, en Île‑de‑France. L'ensemble castral est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 9 décembre 1964. Il occupe le creux de la vallée de l'Orge, à moins de deux cents mètres au nord du lit de la rivière, sur un terrain argileux à environ cent mètres d'altitude. Implanté à mi‑chemin de la route de Paris à Chartres, il se trouvait au cœur de l'ancienne forêt des Carnutes, restée dense autour de Dourdan du Moyen Âge à aujourd'hui et prisée comme lieu de chasse. Aujourd'hui, il fait face à la place Charles‑de‑Gaulle, bordée par la halle et l'église Saint‑Germain d'Auxerre.
L'emplacement de Dourdan fut contrôlé dès l'époque mérovingienne et carolingienne par les Robertiens, dont Robert le Fort et son fils Hugues le Grand. Hugues le Grand y fit édifier un premier château de bois et de terre, situé à une centaine de mètres au nord‑ouest de l'enceinte actuelle, où naquit Hugues Capet. Ce site continua d'être utilisé comme résidence de chasse par Louis VI et Louis VII, qui y développèrent abbayes, églises, banalités et foires en s'appuyant sur la route et la rivière.
Au début du XIIIe siècle, Philippe Auguste fit construire la forteresse de pierre qui subsiste en grande partie aujourd'hui, exécutée selon un plan carré inspiré du Louvre et d'autres réalisations de son règne. La fortification philippienne combine fossés secs, tours de flanquement pourvues d'archères, châtelet d'entrée, chemin de ronde, logis, communs et un donjon isolé. Conçue pour allier efficacité défensive et ostentation royale, elle reprend des modèles observables à Gisors, Angers ou Montreuil‑Bellay.
Au fil des siècles, le château passa entre diverses mains royales et seigneuriales : il fut offert par Louis IX à Blanche de Castille puis à Marguerite de Provence, et servit de rendez‑vous de chasse à plusieurs souverains. Il fut donné à des membres de la famille royale et à de grands seigneurs, utilisé comme prison pour des personnalités compromises, et intégré au domaine royal par Louis XI. Pendant la guerre de Cent Ans la ville fut pillée et le donjon servit de prison, comme pour Étienne de Vignolles dit La Hire, emprisonné puis évadé au début du XVe siècle.
Aux XVIe et XVIIe siècles, le château changea encore de propriétaires et d'usages : il fut cédé, racheté, revendu et transformé, notamment au cours des guerres de Religion et sous le règne de Henri IV. Au XVIIe siècle il fut ensuite affecté à un corps de garde pour les mousquetaires, puis transformé en prison royale à la fin du XVIIe siècle et continua d'accueillir des détenus pendant la période révolutionnaire. Devenu propriété départementale en 1792, il conserva une fonction carcérale jusqu'au milieu du XIXe siècle, puis passa entre des propriétaires privés avant d'être vendu en viager à la commune en 1961.
Des campagnes de restauration ont été menées après son classement : remise en état d'une tour au début des années 1970, dégagement des fossés autour du donjon dans les années 1975‑1977, réfection de toitures et de façades dans les années 1980. Bâti sur un plan carré de soixante‑dix mètres de côté, le château est entouré de fossés larges de douze mètres et profonds de sept, reliés par trois ponts et une contre‑escarpe maçonnée. L'enceinte était défendue par six tours disposées aux angles et flancs, un châtelet fortifié ouvrant au sud‑est par un pont‑levis et par le donjon placé à l'angle nord ; les tours étaient coiffées de toits en poivrière.
Les courtines, épaisses de 3,75 mètres et hautes d'environ dix mètres, protégeaient la cour intérieure où se trouvaient une chapelle dédiée à Jean‑Baptiste, un logis en U et une terrasse couverte à l'est. Le donjon, pièce maîtresse élevé par Philippe Auguste autour de 1220, avait à l'origine environ trente mètres de hauteur depuis le fond des fossés, un diamètre de treize mètres soixante et des murs de 3,75 mètres d'épaisseur. Aujourd'hui sa hauteur est d'environ vingt‑cinq mètres depuis les fossés et dix‑huit mètres depuis la cour ; ses soubassements sont en grès taillé et l'assise en calcaire de Beauce.
Ce donjon était entouré d'un fossé annulaire et desservi par deux ponts‑levis ; le premier étage abritait une salle commune circulaire de six mètres de diamètre sous une voûte à croisée d'ogives haute de 8,45 mètres. Cette salle disposait d'une cheminée à pilastre, d'un four, d'un moulin à bras et d'un puits profond de 10,50 mètres, et pouvait être divisée par un plancher pour doubler la surface destinée à la garnison. Un escalier rampant intégré à la muraille menait à une chambre supérieure voûtée et munie d'une cheminée, puis un escalier en vis conduisait à une salle de guet et aux combles surmontés d'un clocher.