Château de Droupt-Saint-Basle dans l'Aube

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château fort

Château de Droupt-Saint-Basle

  • Rue du Jeu de Paume 
  • 10170 Droupt-Saint-Basle
Crédit photo : Auteur inconnuUnknown author - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Frise chronologique

Renaissance
Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
1600
1700
1800
1900
2000
1587
Construction initiale
1830
Travaux sur les remises
Fin du XVIIIe siècle
Transformation en demeure
1905
Ajout du jardin d'hiver
1983
Restauration majeure
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

L'ensemble des façades et toitures, y compris celles de l'aile de la basse-cour, mais à l'exception de la galerie XIXe siècle accolée à la façade sur cour de l'aile nord-est du château ; le décor lambrissé et les cheminées de cinq pièces du XVIIIe siècle : grand salon Louis XVI, petit salon, les deux pièces lambrissées du premier étage et le petit cabinet de la tour est ; les deux enceintes de douves (cad. AB 146, 147, 149 ; E 765, 766) : inscription par arrêté du 3 août 1987 - Les communs : pigeonnier, glacière, grange située entre le pigeonnier et l'aile d'entrée, écurie (aile nord-est de la cour) (cad. AB 454, 1) : inscription par arrêté du 25 février 1993 - Les façades et toitures du jardin d'hiver, les trois escaliers du logis et leur cage d'escalier, les intérieurs de l'aile d'entrée de la basse-cour depuis la laiterie jusqu'à la grange (non comprise) (cad. AB 146) : inscription par arrêté du 20 mai 2011

Personnages clés

Louis Le Mairat Riche drapier et bourgeois de Troyes, constructeur initial du château.
Ludovicus Maeratius Fils de Louis Le Mairat, jésuite et théologien connu.
Pierre-Nicolas Guillaume de Chavaudon Propriétaire ayant transformé le château en résidence classique.
Jean-Pierre Paupe Propriétaire ayant sauvé et restauré le château dans les années 1980.

Origine et histoire du Château de Droupt-Saint-Basle

Construit en 1587, le château de Droupt-Saint-Basle est une demeure de la fin du XVIe siècle, remaniée aux XVIIIe et XIXe siècles, située à Droupt-Saint-Basle (Aube, Grand Est) et abritant aujourd'hui un musée privé consacré à l'art populaire. L’ensemble se compose d'une basse-cour avec deux ailes en retour d'équerre et d'un corps de logis également formé de deux ailes en retour, entouré de douves ; les ailes du logis se terminent par de petites tours rectangulaires percées de ouvertures de tir. L'accès à la basse-cour et au logis se fait par un pavillon central muni d'une porte charretière et d'une porte piétonne. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les douves de la basse-cour ont été comblées pour partie et la moitié du corps de logis reconstruit, transformant l'édifice en demeure de plaisance ; vers 1830 des travaux ont notamment affecté l'aile des remises. En 1905, l'architecte Chauvet a réalisé un jardin d'hiver en terrasse et ajouté autour des baies du logis un décor néo‑XVIIIe en plâtre représentant des guirlandes de feuillage. Les décors intérieurs des XVIIIe et début XIXe siècles sont conservés, notamment lambris, cheminées, mosaïques et escaliers, et des dessins exécutés sur les murs par des soldats allemands lorsque le château servait d'hôpital pendant la Seconde Guerre mondiale sont encore visibles.

La seigneurie de Droupt, longtemps partagée au Moyen Âge entre plusieurs propriétaires dont les comtes de Champagne, les rois de France et l'abbaye de Montier‑la‑Celle, fut réunifiée au XVe siècle puis passa aux chanoines de Vincennes, châtelains de Méry ; elle apparaît mentionnée en 1206 et, en 1580, Louis Le Mairat obtient la terre de Droupt groupée avec le bois de Vincennes. Par un échange de 1581, Louis Le Mairat, riche drapier et bourgeois de Troyes, devient seigneur du lieu et reçoit en 1586 des lettres patentes lui permettant d'entourer sa maison de murs, fossés et pont‑levis, origine du château actuel dont subsistent la poterne d'entrée et la porterie, une seconde poterne, trois tours d'angle, les murs extérieurs des communs et la double rangée de douves. Après la mort de Louis Le Mairat en 1602, la seigneurie passe successivement à ses descendants jusqu'à la vente en 1712 à Jean Moreau ; l'un des fils de Le Mairat, jésuite et théologien connu sous le nom latinisé Ludovicus Maeratius, a laissé des ouvrages de théologie.

En 1714 la seigneurie revient aux Guillaume de Chavaudon, qui la réunissent après 1731 ; Pierre‑Nicolas Guillaume de Chavaudon entreprend en 1743 d'importants travaux, modifiant la façade du logis et remaniant les communs pour faire du château une résidence de style classique destinée aux réceptions et aux grandes chasses. Son fils Étienne‑Paul réalise à son tour d'importants aménagements de jardin et fait conduire l'eau de la rivière aux fossés. Au XXe siècle, pendant la Seconde Guerre mondiale, le château fut occupé par les Allemands et transformé en maison de convalescence, ce qui contribua à l'épargner des bombardements ; la marquise de Chavaudon, réfugiée dans un pavillon aménagé, maintint l'entretien du domaine après le départ des occupants, puis décéda en 1974, période à laquelle les héritiers dispersèrent mobilier et papiers de famille puis mirent la propriété en vente.

Après des années de dégradations et plusieurs changements de propriétaires laissant le château dans un état très détérioré, Jean‑Pierre Paupe acquiert la propriété le 27 juillet 1983 alors que sa démolition était envisagée et engage une campagne de restauration avec l'aide de proches ; les travaux ont rendu au château une grande partie de sa qualité architecturale et décorative, même si des travaux subsistent. Ces restaurations ont été distinguées par plusieurs récompenses : médaille de bronze de la Renaissance française en 1989, médaille d'argent en 1994, médaille d'or en 1999, grand prix national des Vieilles Maisons Françaises en 2011 et médaille de bronze du tourisme décernée par le ministère en 2011.

Le château est implanté au bout d'une allée de tilleuls derrière l'église ; sa forme en L s'ouvre sur un verger et un pigeonnier jouxte le mur extérieur. La première poterne donne accès à la basse‑cour, organisée autour d'un petit potager décoratif et bordée de communs à pans de bois et torchis témoignant des origines champenoises du site ; à gauche se trouvent la salle des gardes et la laiterie, qui remplaça au XVIIe siècle le chartrier, et à droite la poudrerie. La seconde poterne permet d'accéder au château par un double pont‑levis manuel desservant la haute cour et le jardin ; le corps de logis principal se situe à gauche et les communs à droite, comprenant anciennes cuisines, écuries et garage de calèches aujourd'hui transformé en salle de jeux, ainsi qu'un pavillon aménagé pour la marquise douairière devenu gîte. L'ensemble, ordonné selon un plan carré, présente aux angles trois tours carrées du XVIe siècle à canonnières, la quatrième tour ayant été arasée pour ménager une terrasse, et est entouré d'une enceinte de douves en eau desservie par un pont de bois ouvrant sur une large perspective plantée d'arbres séculaires ; une seconde douve basse clôt la propriété et, vu depuis l'allée, le château répond à l'esthétique de la demeure de plaisance du XVIIIe siècle.

L'entrée intérieure se fait par le pont‑levis vers le corps central organisé autour de la poterne ; en enfilade, la salle à manger présente des boiseries peintes restaurées, un poêle hollandais en faïence dans une alcôve peinte en marbre trompe‑l'œil et un dallage en pierres octogonales avec cabochons de marbre noir. Le salon voisin offre de petites boiseries restaurées, un plancher dit « petit Versailles » posé selon la tradition et une cheminée en marbre blanc surmontée d'un trumeau ; la salle de billard possède un parquet « Chantilly », une bibliothèque sur deux côtés et une cheminée en merisier, et communique par une porte dérobée avec une tour du XVIe siècle dont les boiseries sont démontées et numérotées en attente de restauration. Contigu, le jardin d'hiver du XIXe siècle, désormais vaste salon, prolonge cet enchaînement ; les chambres occupent le premier et le deuxième étage et, dans les communs du XVIe siècle, se situent encore des pièces de vie rustiques et des annexes liées aux services, tandis qu'une glacière complète la propriété à 200 mètres.

Le château fait l'objet d'une inscription partielle au titre des monuments historiques : par arrêté du 3 août 1987 ont été inscrites les façades et toitures, y compris celles de l'aile de la basse‑cour (à l'exception de la galerie XIXe accolée à l'aile nord‑est), le décor lambrissé et les cheminées de cinq pièces du XVIIIe siècle et les deux enceintes de douves ; par arrêté du 25 février 1993 ont été inscrits certains communs dont le pigeonnier, la glacière, la grange située entre le pigeonnier et l'aile d'entrée et l'écurie ; enfin, par arrêté du 20 mai 2011 ont été inscrits les façades et toitures du jardin d'hiver, les trois escaliers du logis et leurs cages ainsi que les intérieurs de l'aile d'entrée de la basse‑cour depuis la laiterie jusqu'à la grange.

Liens externes