Origine et histoire du Château de Duras
Le château de Duras, situé dans la commune de Duras (Lot‑et‑Garonne, Nouvelle‑Aquitaine), est classé monument historique. Bâti en quadrilatère flanqué de quatre tours rondes, il repose sur un soubassement gothique sur lequel ont été élevés deux corps de logis au nord et au sud d'une cour intérieure, reliés par deux galeries superposées. Le décor est sobre : grandes fenêtres à meneaux, balcons à balustres et porte à bossages. Le « petit château », adossé à la courtine orientale et placé au sud de l'avant‑cour, est contigu à la tour d'angle sud‑est de la basse‑cour du XIVe siècle ; cette tour abrite un oratoire décoré de panneaux en stuc représentant les vertus théologales et cardinales. Un appartement du XVIIe siècle occupe la partie occidentale du petit château et deux pièces y conservent des cheminées ornées. Sont également notables la glacière, la cuisine, la charpente, la courtine, les terrasses et leurs murs de soutènement.
L'occupation du site est liée à l'église de Saint‑Ayrard, aujourd'hui disparue ; la présence d'un château est attestée dès le XIIe siècle. La forteresse médiévale visible aujourd'hui est attribuée à la famille de Got ; sa reconstruction au début du XIVe siècle est vraisemblablement liée à Bertrand de Got, qui bénéficia du soutien de son oncle, le pape Clément V, et de maîtres d'œuvre proches des châteaux « clémentins ». Le domaine passa ensuite à la famille de Durfort et connut de nombreux épisodes militaires pendant la guerre de Cent Ans, notamment un siège et un incendie en 1377 relatés par Froissart, sans que l'édifice ne subisse de démolitions massives apparentes.
Peu d'indices témoignent de remaniements de la Renaissance ou des guerres de Religion, si ce n'est quelques vestiges architecturaux et une canonnière au sud. La transformation de la forteresse en demeure d'agrément a lieu au XVIIe siècle sous Jacques‑Henri de Durfort, qui reconstruit l'ensemble des corps de logis et aménage des communs couverts en terrasse formant une cour d'honneur. Son fils Jean‑Baptiste de Durfort fit construire, au début du XVIIIe siècle, le corps de logis dit « petit château ». Des projets non datés de l'atelier de Robert de Cotte laissent apparaître une avant‑cour avec orangerie, chapelle et écuries, probablement aménagées dans les années 1730, et la grande salle a accueilli 1 300 personnes lors d'une cérémonie religieuse en 1738.
Pendant la Révolution, le château est pillé, ses tours sont arasées sauf celle du sud‑est, les bâtiments de l'avant‑cour sont détruits et les jardins réguliers sont abandonnés. Après des ventes et des projets de transformation au XIXe siècle, le château, dégradé, est racheté par la commune en 1969 et classé en 1970. Des campagnes de restauration ont été entreprises sous la direction de l'architecte en chef des monuments historiques F. Corouge : la toiture de l'aile est est rétablie en 1975, les sous‑sols sont restaurés dans les années 1980‑1990, les travaux extérieurs se poursuivent et la restauration des lambris de la chambre de la duchesse est programmée.
Le château a fait l'objet d'une protection progressive : inscription en 1948, classements partiels en 1970 et 1989, puis classement étendu en 2002 qui inclut tous les bâtiments, leurs cours, garenne et terrasses ainsi que leurs murs de soutènement ; il a aussi été reconnu site majeur d'Aquitaine en 2002. Depuis 2016, le Mobilier national collabore avec la commune pour remeubler les intérieurs selon une double référence au Moyen Âge et au Grand Siècle, privilégiant les styles néo‑gothique et Louis XIV. La grande salle des maréchaux, la salle à manger, la salle de billard, le salon de compagnie, une petite salle à manger et les chambres ducales ont été remeublées ; on y voit notamment une pendule en marqueterie Boulle, des tables marquetées de style Louis XIV, une verdure d'Aubusson, des tapis d'époque Empire et Restauration, des tapisseries d'Abbeville aux armes de France, des sièges de billard néo‑gothiques et un ensemble en acajou de style Troubadour.