Origine et histoire du Château de Durtal
Le château de Durtal, situé à Durtal dans le département de Maine‑et‑Loire, est classé monument historique : le château en 1900 et la porte de Veron en 1950. Il se dresse à mi‑chemin entre Angers et Le Mans, sur un promontoire rocheux dominant la vallée du Loir. Les premières fondations furent posées dès 1040 par Foulque Nerra, dans un contexte d’hostilités entre les comtés d’Anjou et du Maine, et son fils Geoffroy de Martel acheva la construction au milieu du XIe siècle. L’édifice actuel date du XVe siècle, reconstruit après la guerre de Cent Ans par la famille de La Jaille. Le château servit de résidence au maréchal de France François de Scépaux puis, un siècle plus tard, à Henri de Schomberg ; il reçut des membres de la famille royale et de la cour et hébergea le roi René, Charles IX et Henri II. L’essor du commerce sur le Loir au XVIe siècle favorisa l’enrichissement de la région et la transformation progressive de la forteresse en palais, ce qui permit notamment les séjours de Louis XIII et de Marie de Médicis. Au XVIIe siècle, il figura parmi les résidences du duc de La Rochefoucauld. En 1859, le château accueillit l’hôpital de la ville, tenu par les sœurs de Sainte‑Marie d’Angers, ce qui entraîna la mutilation de certaines salles et décors intérieurs. Plusieurs artistes furent séduits par le site : Alexis Axilette, originaire de Durtal, son ami Raoul Dufy, Lucien Jonas qui réalisa plusieurs tableaux du château depuis La Flèche, et Joël Baudouin qui le représenta à plusieurs reprises. En 2007, la propriété fut rachetée par l’homme politique Alain Suguenot et sa famille. L’architecture reflète des apports des XVe, XVIe et XVIIe siècles et combine une partie romane et féodale, témoin de la fonction défensive d’origine, et une partie aménagée ultérieurement comme résidence d’été dans un registre gothique flamboyant et préclassique. L’ensemble couvre 5 600 m2 et suit un plan rectangulaire surmonté de deux tours rondes : la première, sur la façade sud‑est, date du XIIIe siècle, la seconde, plus imposante sur la façade nord‑est, est du XIVe siècle. Les murs en pierre des Rairies aux tons ocre jaune et en tuffeau contrastent avec les couvertures d’ardoise ; l’argile sert aux conduits de cheminée et aux tomettes des sols. Certaines façades intérieures s’ouvrent largement à la lumière par des fenêtres à double meneau, caractéristique du gothique flamboyant, et la position basse des mâchicoulis est une particularité partagée avec les châteaux de Langeais, du Plessis‑Bourré et de Brissac. L’intérieur conserve cinq oratoires, dont quatre sont entièrement préservés, une galerie de fresques du XVIIe siècle, une ancienne prison et l’un des plus grands foyers d’Europe, où se préparaient autrefois les festins donnés en l’honneur de la famille royale. L’église de Durtal, de style néoroman et rebâtie en 1847, appartenait jadis au domaine du château ; ses premières fondations semblent remonter au XIe siècle. Le château est aujourd’hui ouvert aux visites, propose des chambres d’hôtes et peut accueillir séminaires, réceptions, mariages ainsi que des représentations théâtrales.
