Origine et histoire
Le château de Fabrègues, situé à Aurillac (Cantal) à l'entrée de la vallée de la Jordanne, est attesté dès le Xe siècle. L'édifice visible aujourd'hui rassemble des éléments d'époques différentes : un pavillon carré couronné de mâchicoulis correspondant à la partie médiévale (XIVe‑XVe siècle), un corps de logis disposé en biais daté aux XVIIe siècle avec une tour d'angle coiffée en poivrière, et entre ces deux bâtiments un corps de liaison étroit percé d'un portail et d'une fenêtre à meneaux, orné de deux échauguettes à toiture en poivrière (XVe‑XVIe siècle). Reconstruit à la fin du XIXe siècle par l'architecte C. Viée (travaux en 1898‑1899), le château a été refondu dans un style classique français tout en conservant les fondations des pavillons ; les fondations du porche ont été remplacées pour édifier un porche monumental. Ce porche, conçu sur un plan centré, est circulaire à l'intérieur et carré à l'extérieur ; il est couvert d'un toit à l'impérial surmonté d'un faux lanternon en forme de portique antique. Les façades du porche comportent un grand portail encadré de larges pilastres à bossage et, au second niveau, un fronton cintré dominant une baie cintrée à voussures concaves. À l'intérieur, le porche est surmonté d'une coupole dont le tambour est percé de grandes baies équipées de vitraux géométriques signés Pompey ; le premier niveau est pourvu d'une galerie aux murs ornés d'un décor floral au pochoir et la coupole porte une rosace en céramique colorée. Les pièces du château sont richement boiserées, notamment la salle à manger dont les lambris sont dus à l'ébéniste Brousse. Le domaine s'ouvre sur un vaste parc traversé par une allée d'accès, dominé d'un bassin semi‑circulaire orné d'une sculpture en fonte représentant une tête de dauphin entourée de roseaux et un enfant assis dans une coquille ; à l'arrière, l'aménagement primitif des parterres n'a pas été entièrement réalisé et, au bout de l'allée, une orangerie de plan carré masque une partie des communs situés au nord. Les plans de C. Viée ont été publiés en 1901 dans la revue La Construction moderne et en 1909 dans L'Architecture (tome XXI). Le château, ses jardins, le porche et plusieurs pièces intérieures — notamment l'escalier, la grande antichambre, la salle à manger, le salon des Quatre Saisons, le salon Louis‑XV, le salon Empire, la bibliothèque de l'aile sud, une chambre du XVIIIe aux lambris peints et la chapelle de l'aile nord — sont protégés au titre de l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis le 5 mars 1992. Un colombarium a été découvert en 1802 dans le pré bordant la Jordanne ; il contenait une cinquantaine d'urnes funéraires. Fabrègues est cité en 920 dans le testament de Géraud d'Aurillac, qui lègue ses biens à l'abbaye d'Aurillac tout en laissant l'usufruit à son neveu Reynald. Aux XVe et XVIe siècles, le domaine appartint à une branche de la famille de Pouzols ; au milieu du XVIe siècle, la maisonnée adopta la Réforme et le château servit de refuge à des bandes calvinistes, suscitant de violentes répressions ; Antoine de Pouzols, qui commandait alors des bandes calvinistes, fut condamné à mort par contumace et ses biens furent confisqués. Au XVIIe et XVIIIe siècles, la seigneurie passa dans la famille Sarred/Sarret, puis, au XIXe siècle, Hippolyte Esquirou de Parieu (1791‑1876) acquit Fabrègues ; son fils Félix Esquirou de Parieu (1815‑1893) initia la reconstruction somptueuse de l'habitation telle qu'on la voit aujourd'hui, et la propriété entra ensuite dans la descendance de Thérèse Esquirou de Parieu par son mariage avec André Picot de Moras d'Aligny en 1906. Le château n'est pas ouvert à la visite.