Origine et histoire du Château de Fages
Le château de Fages, d'origine XIIe siècle, a été largement remanié dans le goût de la Renaissance à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle. Il présente deux grands pavillons carrés reliés par un corps de bâtiment central ; le pavillon nord est pourvu d'une tourelle d'angle, tandis que le pavillon sud conserve des croisées à meneaux encadrées de pilastres ioniques portant des frontons. Un chemin de ronde percé de meurtrières, appuyé sur des consoles ornementales, souligne la toiture. Au centre du site subsiste un donjon de plan barlong, daté du XIIe ou du XIIIe siècle, inscrit dans un quadrilatère de remparts dont un vestige au nord était doublé d'un fossé. À gauche de l'entrée se trouve une chapelle carrée voûtée d'ogives, sous laquelle s'ouvre une chambre funéraire. Face à l'entrée, un logis à étages, rebâti au XVIe siècle et retouché au XVIIe, contient un grand escalier formé de deux volées droites par étage et s'adosse au donjon. Un nouveau pavillon de style Renaissance a été élevé au sud sur des caves voûtées, sans que les sources précisent la date précise de son commencement. Le site occupe l'emplacement d'un oppidum gallo‑romain et un château y est mentionné dès le XIIIe siècle sous le nom de Turris dicta de Fagas. Le château a joué un rôle important pendant les guerres de religion : Anne de Fages y reçut son beau-frère Blaise de Monluc alors qu'il poursuivait l'armée des Huguenots de Guyenne, peu avant la bataille de Vergt, et il fut attaqué et pillé par les protestants en 1568. Il fut repris par le seigneur de Limeuil en 1574, puis partiellement détruit par une explosion de poudre, et occupé en 1585 par un capitaine de bandes connu sous le nom de Piolletou. Boson de Fages, présenté comme l'un des compagnons de Jeanne d'Arc, serait né dans ce château. Au milieu du XVIe siècle, le domaine appartenait à Jean de Fages et Anne de Salignac de La Mothe ; par alliances et successions il passa ensuite aux familles Monluc, Montesquiou, Hautefort (marquis d'Ajat), Arlot de Frugie et Taillefer, parmi d'autres héritiers cités. L'édifice fut abandonné à la fin du XIXe siècle et la propriété morcelée : après des projets avortés de restauration au début du XXe siècle et l'utilisation du château comme séchoir à tabac puis pour un élevage d'asticots, le domaine fut démantelé et pillé, sa surface réduite de 44 hectares à 1,4 hectare. En 1964, l'architecte Louis Durand acquit le château et entreprit la restauration des parties inscrites à l'inventaire général ; après son décès en 2020, la propriété est revenue à ses enfants, Pâquerette et Perceval Durand, qui poursuivent l'entretien et prévoient d'ouvrir le site au public lors d'opérations comme « Châteaux en fête » et les Journées européennes du patrimoine. La chapelle et les ruines sont inscrites au titre des monuments historiques depuis le 13 avril 1933 et le pavillon de la Renaissance a été classé le 9 septembre 1965. Le château fait actuellement l'objet d'un travail de restauration mené en lien avec l'association de sauvegarde de l'église de Castels et du château de Fages.