Origine et histoire du Château de Ferrette
Les ruines du château de Ferrette dominent la ville depuis un piton rocheux culminant à 612 m. Probablement fondé vers 1100 et mentionné pour la première fois en 1144, le château fut associé à la famille comtale de Ferrette, née de l'installation de Frédéric, fils du comte de Montbéliard. Chef-lieu d’un comté puissant du sud de l’Alsace, il passa en 1271 sous l’autorité de l’évêché de Bâle, auquel les comtes firent oblation puis le tinrent en fief. L’héritage des Ferrette entra en 1324 dans la maison des Habsbourg, et le château devint alors une garnison et la résidence du bailli seigneurial. Au bas du château, des travaux de 1488 se traduisirent par une reconstruction, dont subsiste la partie inférieure de la porte basse. Entre 1540 et 1567, les banquiers Fugger firent restaurer et renforcer l’ensemble, reliant les deux parties du site pour l’adapter aux nouvelles techniques militaires ; une description de 1567 est conservée dans le terrier de Ferrette. Durant la guerre de Trente Ans, la place connut des combats et des occupations : en 1633 le château supérieur, tenu par des Suédois, fut pris par des paysans sundgauviens, puis en 1635 des troupes françaises en firent un incendie et l’endommagèrent lourdement. En 1659 la seigneurie fut donnée à Mazarin ; entre 1659 et 1667 fut édifiée une nouvelle chapelle Sainte-Catherine pour remplacer celle du château supérieur détruite. Le bas château, qui servait de résidence au bailli, fut pillé et incendié pendant la Grande Peur de 1789 et abandonné ensuite, servant notamment de carrière de pierres. Au XIXe siècle le site fut vendu à Jean Zuber en 1838 et a fait l’objet d’une protection au titre des monuments historiques ; ses ruines ont été entretenues et consolidées avec le concours de la ville de Ferrette, du département du Haut-Rhin et des Services des Bâtiments de France, et des bénévoles ont participé aux travaux entre 1998 et 2014. Le château a été vendu à un particulier en 2011. À la fin du XVIe siècle, le site comprenait deux entrées, trois cours et trois maisons : l’Oberschloss ou château supérieur, partiellement creusé dans le roc, comportait six salles chauffées par un poêle, onze chambres, une cave à l’entrée, une cuisine, une étuve, deux escaliers accessibles pour chevaux ou chariots, un puits profond de 60 m et une chapelle dédiée à sainte Catherine. La maison du bailli offrait quatre salles, sept chambres, deux cuisines, une écurie pour trois chevaux, une cave, une chambre de bains, des greniers d’une capacité de 1 000 rézaux de grains et un bastion muni de deux cachots. La maison des chevaliers ne comprenait qu’une salle et une chambre, mais disposait de greniers pour 500 rézaux de grains. L’ensemble était entouré d’un mur ceinturé de tours et de bastions, complété au fil des siècles par fossés et fortifications.