Origine et histoire du Château de Flers
L'ancien château de Flers, entouré de douves et implanté au milieu d'un vaste parc comprenant un étang et un massif forestier, se situe sur la commune de Flers dans l'Orne ; il est classé au titre des monuments historiques. Le site trouve son origine au Moyen Âge : une construction modeste en pierres et colombages, protégée par des fossés, avait été implantée sur un terrain marécageux à la jonction de plusieurs vallées. Le domaine appartint successivement aux familles d'Aunou, d'Harcourt et de Tournebu entre le XIIe et le XVe siècle. La partie la plus ancienne conservée est l'aile droite flanquée de deux tourelles d'angle rondes, édifiée par Nicolas III de Grosparmy entre 1527 et 1541 ; si la tradition lui prête des activités alchimiques, sa fortune provenait en réalité de la possession des forges de Halouze. Au milieu du XVIe siècle, la famille de Pellevé devient titrée sur le domaine ; par alliance et acquisitions la baronnie s'enrichit et est élevée en comté en 1598. Aux XVIIe siècle datent d'importants travaux d'assainissement et d'aménagement du parc : création d'une pièce d'eau, installation d'un moulin sur son déversoir, réalisation d'un parterre ceinturé d'eau prolongé par potager et verger, et plantation de deux allées de cèdres qui soulignent la composition. Après l'incendie des anciens communs, de nouveaux bâtiments furent reconstruits dans l'axe de la cour d'honneur. Au début du XVIIIe siècle, Louis de Pellevé puis Ange Hyacinthe de La Motte-Ango poursuivent les remaniements : création des pièces d'eau et transformation de l'aile ouest en corps de logis principal, élargissement des fenêtres de l'aile du XVIe siècle pour harmoniser la façade classique et améliorer le confort intérieur. L'axe principal du château, matérialisé par un perron monumental, pivote alors pour s'ouvrir sur le parc, auquel s'ajoutent de larges allées de chasse ; la grille de la cour d'honneur, ornée d'une couronne comtale, est réalisée vers 1764 par les maîtres serruriers Antoine Pichard et Augustin Delaunay. Le domaine connaît alors une période de prospérité : le comte de Flers possède de nombreuses terres, moulins et fermes. Après la mort d'Ange Hyacinthe de La Motte-Ango en 1788, son fils François Paul hérite ; durant la chouannerie normande il autorise le marquis Louis de Frotté à établir son quartier général au château en 1793 puis en 1799 et 1800, et la partie ancienne du château est incendiée par les républicains en 1800. En 1806, Jean Sigismond Ehrenreich de Redern Bernsdorf acquiert le comté et remet en état le château ; la propriété passe ensuite entre les mains de notaires parisiens puis, en 1822, est achetée par Antoine Schnetz, devenu maire de Flers, qui ouvre le parc au public et autorise le passage de la ligne de chemin de fer Paris-Granville au prix du déplacement du potager. En 1901, Julien Salles fait rentrer la propriété dans le patrimoine municipal : le château accueille l'hôtel de ville et un musée, et le parc accueille également des infrastructures liées à la gare de Flers. Le bâtiment échappe aux destructions des bombardements de 1944. L'étang du parc est par ailleurs le lieu du suicide de Fernande Segret le 21 janvier 1968. À la fin des années 1980, une série de tempêtes abat de nombreux arbres ; un projet de renouvellement du parc suscite des polémiques malgré la dangerosité constatée. Le château abrite aujourd'hui un musée riche en peintures du XIXe siècle et en éléments liés aux traditions normandes. Le site se présente comme une enceinte quadrangulaire fossoyée, flanquée de tours rondes aux angles ; il comporte des vestiges du XVe siècle intégrés à un ensemble reconstruit vers 1530–1540 et remanié au XVIIIe siècle, et son intérieur a été remis au goût de l'époque de Louis XIV. L'ancien château est classé au titre des monuments historiques par un arrêté du 24 avril 1907.
