Origine et histoire du Château de Fleurac
Le château de Fleurac conserve des vestiges d'un édifice médiéval, mais son aspect actuel provient d'une reconstruction engagée au début du XVIIe siècle. Certaines sources évoquent une présence humaine sur le site depuis le XIe siècle (acte de donation de 1098) et attribuent parfois une origine aux XIIIe ou XVe–XVIe siècles, ce qui témoigne d'une longue évolution. Le toponyme Fleurac, formé sur le nom gallo‑romain Florius et le suffixe -acum, laisse penser à l'existence d'une villa dont l'emplacement n'a pas été retrouvé, peut‑être sous le château. Un village appelé Floyrac est attesté sur les deux rives de la Charente, tandis que la rive sud, où se dresse le château, est restée non morcelée, signe d'une propriété seigneuriale continue. De la forteresse médiévale subsistent principalement des éléments de la partie basse et la trace d'un fossé défensif creusé dans le roc, jamais mis en eau. Le fief a appartenu successivement à des familles locales — Neuillac, Noilhac, Livenne — puis, par mariage, aux Baudouin, qui le possédaient déjà à la fin du XVe siècle. Le château fut fortement endommagé pendant les guerres de religion, mais il connut aussi des embellissements au XVIe siècle, notamment une galerie d'arcades au nord‑ouest. Le partage de la succession de Renée de Puyrigaud en 1612 permit la reconstruction des résidences familiales ; Léon Baudouin fit rebâtir Fleurac, tandis que Charles Chesnel entreprit la construction d'un château à Cherves. La physionomie actuelle date de cette campagne du début du XVIIe siècle : corps de logis central flanqué de deux pavillons en légère saillie, couronnement de créneaux posés sur des mâchicoulis, toitures à faible pente, et deux étages de vastes terrasses bordées de balustrades. Ces caractéristiques illustrent un type charentais de demeure à crénelage ornemental, inspiré, selon les observateurs, du modèle du château‑Chesnel près de Cognac, et comparable à d'autres réalisations régionales. La douve taillée dans le roc est longée de balustres du XVIIe siècle installés à partir de 1614. Des restes de moulurations gothiques, remaniées, demeurent dans les baies de la façade nord et évoquent l'art de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle ; au XVIIIe siècle, des réaménagements introduisirent notamment un grand salon orné de gypseries. Au XIXe siècle, la façade sud sur cour reçut des moulurations néo‑gothiques au‑dessus des ouvertures. Inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques le 8 juillet 1988 figurent le couronnement, les balustrades, le salon doré de style Louis XV et l'escalier monumental de la Renaissance. Fleurac resta dans la famille Baudouin jusqu'en 1695, puis passa à Jean‑Louis Guiton du Tranchard ; il tomba ensuite en ruine sous l'administration de son héritier Hélie, entraînant une mise en location judiciaire en 1749 et des expertises en 1750 décrivant l'état d'abandon. À la fin du XIXe siècle, le comte Jean‑Baptiste Henri de La Laurencie fit apposer ses armes dans un vitrail du grand escalier ; le domaine passa ensuite par legs dans sa famille. Le château fut vendu en 1940 à la société Gnome et Rhône, revendu en 1946, puis acquis en 1998 par Michel‑Alexandre et Bénédicte Mahy, qui entreprennent sa restauration, l'ouvrent à la visite et mènent un projet de restitution des parcs et jardins en vue d'obtenir le label « Jardin remarquable ». Les terrasses du côté nord‑ouest, d'environ 250 m2 chacune, offrent une perspective sur la vallée de la Charente et participent à la mise en scène paysagère du lieu.