Période
XVIIe siècle, 3e quart XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Le château et ses communs dit Petit-Château et son parc : classement par arrêté du 12 novembre 1945 ; Les parties bâties et non-bâties du parc du château, y compris les grilles des entrées et les murs de clôture, sur les parcelles n° 38, 39, 40, 42, 43, 44, 45, 46 et 94 figurant au cadastre section AA, sur les parcelles n° 425, 426, 427, 428, 429, 430, 431, 432, 433, 434, 435, 436, 437, 438, 439, 440, 441, 442, 443, 444, 445, 446, 447, 448, 449, 450, 451, 452, 453, 454, 455, 456, 457 et 458 figurant au cadastre section A, et sur les parcelles n° 54, 55, 56 et 57 figurant au cadastre section ZD, tel que délimité et hachuré en rouge sur le plan annexé à l'arrêté : classement par arrêté du 7 avril 2023
Origine et histoire du Château de Fontaine-Française
Le château de Fontaine-Française, situé au cœur du village éponyme en Côte-d'Or, est un édifice du XVIIIe siècle construit entre 1754 et 1758 pour François Bollioud de Saint-Jullien, conseiller du roi et receveur général du clergé de France. Les travaux, confiés à l'architecte parisien Souhard, durèrent quatre ans et coûtèrent environ 338 000 livres. Propriété privée encore habitée, le château se visite de juillet à septembre. D'architecture classique, il a conservé des murs de l'ancienne forteresse et présente un plan symétrique composé d'un corps de logis central flanqué de deux ailes en retour sur la cour. Les fenêtres, hautes de 4,50 mètres, sont ornées côté cour de mascarons allégoriques. Le dôme qui surmonte la partie centrale renferme deux horloges et se termine par un terrasson culminant à 25 mètres. Le fronton côté cour portait autrefois les armoiries des Saint-Jullien, martelées à la Révolution; elles furent remplacées à la fin du XIXe siècle par celles de la famille de Chabrillan, représentant une tour gardée par une patte d'ours et encadrée de deux lions couronnés. Le rez-de-chaussée comprend plusieurs pièces en enfilade — la chambre de la tour, le grand salon, le salon de musique et la salle des gardes, la plus vaste du château — et un grand escalier d'honneur conduit à la galerie du premier étage où se trouvent la chapelle, la chambre Voltaire et la chambre Monaco. Le domaine, qui inclut le château, les communs et les jardins, est classé au titre des monuments historiques depuis le 12 novembre 1945 ; l'orangerie et le jardin ont été inscrits le 6 octobre 1993, le parc inscrit le 20 février 2017 puis classé le 8 avril 2023. Le parc de style à la française couvre environ trois hectares et a obtenu le label Jardin remarquable en 2015. Il est structuré par 372 tilleuls taillés en portique et par des ifs et des buis en topiaire, et présente des décors sculptés et une statuaire soignée : côté cour, une statue de Flore orne les pelouses en fer à cheval ; côté étang figurent les statues d'Acis et d'Apollon. Sous les tilleuls, un édicule surmonté d'un buste d'Henri IV et d'un trophée d'armes rappelle la victoire du roi à la bataille de Fontaine-Française le 5 juin 1595, tandis qu'un peu plus loin un buste de Louis XVIII porte l'inscription « il est de ces sujets le Sauveur et le Père ». Les archives conservées au château et étudiées par R.-E. Gascon permettent de reconstituer la structure médiévale du site, caractéristique de l'architecture militaire du début du XIIIe siècle : enceinte avec tours d'angle, donjon intégré à l'enceinte, courtines crénelées et bâtiments adossés aux remparts sur la cour intérieure. Les cuisines et offices se trouvaient à l'est de la tour maîtresse et une chapelle dédiée à Notre-Dame fut fondée en 1297 à l'extérieur de l'enceinte ; son emplacement est connu, mais son orientation, ses dimensions et son ornementation ne le sont pas. À la Renaissance, les co-seigneurs du XVIe siècle — notamment le cardinal de Givry, Françoise de Longwy et l'amiral Chabot — entreprirent des transformations importantes. Selon R.-E. Gascon, Claude de Longwy fit couvrir les tours et les courtines de charpentes supportant des toits de tuiles vernissées, suréleva le bâtiment d'habitation, ajouta des ailes en retour et éleva la tour du guet au-dessus du pont-levis à plus de cent pieds de hauteur; des éléments des tuiles vernissées subsistent dans la toiture actuelle, aux teintes vertes, jaunes, rouges et noires. Il fit également démolir la chapelle extérieure et en incorpora une nouvelle, ornée d'une voûte en pierre et des armoiries du cardinal reproduites à vingt endroits, tandis que les cuisines et offices restèrent dans leur annexe. Le château possédait en outre des bâtiments de service — écuries, granges, pressoir, colombier, poulailler, garenne — dont la répartition exacte n'est pas connue. François Ier séjourna à Fontaine à deux reprises, et, après la bataille de 1595, certains auteurs, cités par Gascon, attribuent au roi un sommeil dans une chambre du château, opinion contestée par d'autres sources. La période suivant le XVIIe siècle fut marquée par épidémies et dévastations, et ce n'est qu'après le rattachement de la Franche-Comté à la France que la fortification cessa d'être place-frontière pour devenir une résidence d'agrément. En 1754 François-David Bollioud, seigneur de Saint-Jullien, entreprit la transformation du vieux château fort en demeure classique ; les travaux, conduits par Souhard sur quatre ans, s'appuyèrent largement sur les anciens murs et comportèrent la construction d'une chapelle dans l'aile gauche. Madame de Saint-Jullien y tint un salon littéraire qui accueillit des personnalités telles que Voltaire et Madame de Staël, cette dernière étant liée à l'œuvre Corinne ou l'Italie commencée à Fontaine en 1805. Pendant la Seconde Guerre mondiale des œuvres et documents du musée des Beaux-Arts et des archives de Dijon furent successivement évacués et, en 1943, certaines collections furent transférées au château où des pièces intransportables furent protégées par des sacs de sable et des charpentes ou entreposées dans les caves. Enfin, la princesse Honorine-Camille-Athénaïs Grimaldi, qui épousa en 1804 René-Louis-Victor de La Tour du Pin alors propriétaire du château, consacra une partie de sa fortune à des œuvres de charité et fut inhumée au cimetière de Fontaine-Française après son décès en 1879 à Paris.