Origine et histoire du Château de Fontaine-Henry
Le château de Fontaine-Henry, situé à Fontaine-Henry (Calvados, Normandie), est une demeure classée au titre des monuments historiques. Le site prend racine au début du second millénaire : une forteresse est attestée au XIe siècle et un nouvel édifice est élevé entre 1200 et 1220, dont subsistent la chapelle et des salles voûtées. Transmis par héritage depuis près de dix siècles et jamais vendu, le domaine a appartenu successivement à plusieurs familles, dont les Tilly, les d'Harcourt, les Morais, les Cornulier et enfin les d'Oilliamson, propriétaires actuels. Jeanne de Tilly apporta la seigneurie aux d'Harcourt par son mariage en 1374, et cette famille entreprit la reconstruction du château après la guerre de Cent Ans. Les principales campagnes de construction menées par Jean et Pierre d'Harcourt commencent vers 1480 et s'achèvent vers le milieu du XVIe siècle, conférant au château son aspect actuel. L'édifice se distingue par de nombreuses tours, une façade flamboyante richement décorée et des lucarnes ornées qui annoncent la transition entre gothique et Première Renaissance. La composition et l'abondance des ouvertures relèvent du style Louis XII et de la Première Renaissance, tandis que la seconde Renaissance se manifeste dans les parties achevées par Blaise Le Prestre. Le Prestre a notamment conçu un grand escalier droit et orné la façade ouest du gros pavillon d'une superposition régulière d'ordres et d'entablements inspirés de l'antique. Le gros pavillon quadrangulaire, coiffé de très hauts combles et dominé par une imposante cheminée, forme un pendant monumental aux façades Renaissance. L'ensemble, parfois qualifié d'écho des châteaux de la Loire en Normandie, reste un témoignage précieux de l'évolution du goût du gothique tardif au classicisme renaissant. La chapelle Notre-Dame-du-Val-Busnel, d'origine romane, est voûtée d'ogives depuis le XIIIe siècle et a été transformée au XVIe siècle pour créer deux niveaux de chapelle sous l'impulsion de Blaise Le Prestre. Son chevet conserve trois baies ogivales symbolisant la Trinité, et l'intérieur présente des stalles taillées dans la pierre ainsi que des éléments gothiques et Renaissance mêlés. À l'intérieur du château, les pièces forment aujourd'hui une enfilade au décor classique principalement composé de lambris, mais quelques décors anciens subsistent, comme le haut-relief représentant Judith et Holopherne qui surmonte une porte de l'escalier du pavillon de 1537. Le château, encore meublé et habité, renferme une importante collection de tableaux réunie pendant la Révolution par la famille Cornulier, parmi lesquels figurent des œuvres attribuées à Nicolas Mignard, Rubens, Le Corrège et Titien, ainsi qu'une collection de gravures de Van der Meulen. Un portrait réalisé par Hyacinthe Rigaud et un tableau de Nicolas Mignard représentant Louis XIV enfant figurent parmi les pièces remarquables. Au XIXe siècle, Henry de Carbonnel, marquis de Canisy, fit établir la galerie et la salle à manger et transforma les jardins en parc à l'anglaise ; ces aménagements furent ensuite hérités par la marquise de Cornulier puis par les d'Oilliamson. Au début du XXe siècle, le comte Pierre d'Oilliamson entreprit une restauration discrète, et le marquis Pierre-Apollinaire d'Oilliamson a depuis ouvert largement le domaine au tourisme avec un programme estival intitulé "Les enchantées". Le parc boisé, d'une superficie totale de 72 hectares répartie sur les communes de Fontaine-Henry, Bény-sur-Mer et Basly, comprend trois jardins historiques qui restituent l'évolution des jardins du Moyen Âge au XVIIIe siècle. Le jardin médiéval Notre-Dame, conçu selon les pratiques du XIIIe siècle, rassemble plantes médicinales, condimentaires, industrielles et ornementales autour d'un jardin de la Vierge; l'hortus conclusus, inspiré des XIVe–XVe siècles, propose un enclos méditatif avec fontaine et symboles religieux; la Gerbe du Parnasse, de style XVIIe siècle, relie la cour d'honneur au château et à la chapelle. Le parc est classé site naturel depuis l'arrêté du 24 août 1959. Le château, la terrasse avec son mur de soutènement, la chapelle et le puits ont été classés au titre des monuments historiques par arrêté du 22 novembre 2011, annulant en partie le classement antérieur de 1924.