Origine et histoire du Château de Fontaine-la-Soret
Le château de Fontaine-la-Soret, dit château de la Carogère, est un édifice des XVIIIe et XIXe siècles situé à Nassandres‑sur‑Risle dans l'Eure, en Normandie. Il est inscrit au titre des Monuments historiques depuis le 24 novembre 1986 et son parc l'est depuis le 8 novembre 1995 ; ce parc est également classé comme site naturel protégé et bénéficie du label Jardins remarquables depuis 2014.
Localisation : installé dans l'ancienne commune de Fontaine‑la‑Soret, devenue commune déléguée de Nassandres‑sur‑Risle, il se trouve à l'ouest du département, à l'extrémité est du Lieuvin, entre Brionne et Beaumont‑le‑Roger, au cœur de la vallée de la Risle. La départementale 613 passe à quelques centaines de mètres au nord et la ligne de Mantes‑la‑Jolie à Cherbourg longe le domaine à l'est ; depuis le parc on bénéficie de perspectives vers le village et son église à l'ouest et vers les coteaux boisés de la vallée à l'est.
Histoire : le château a été construit entre 1764 et 1769 pour Alexandre Estienne d'Augny, fermier général, et le parc planté de 1764 à 1772. Alexandre d'Augny fit raser l'édifice antérieur et fit édifier l'ensemble des bâtiments du domaine, dont les communs, le manège, les pavillons de conciergerie et le presbytère. Après la Révolution, la propriété passa à Nicolas d'Augny puis à Joseph Pierre de Revilliasc et à Charles de Revilliasc ; la famille Revilliasc conserva le domaine jusqu'à une vente en 1858, suivie d'une revente en 1869. Le parc a connu des aménagements au XIXe siècle ; Victor Crombez y créa un étang et des cascades près de la chaumière. Dans les années 1960, le paysagiste anglais Russell Page a redessiné les abords du château en créant pentes douces, jardin d'eau, jardin de fleurs et en restructurant les terrasses, œuvre reprise et poursuivie dans les années 1980 par Louis Benech.
Architecture : d'inspiration néoclassique, le château présente un corps de logis carré encadré par deux ailes en retour, construit en pierre de taille avec des panneaux de briques. Ses façades sobres sont traitées de bossages et d'encadrements de baies, le corps central étant mis en valeur par des pilastres surmontés de frontons. La toiture en ardoise est mansardée avec des terrassons à forte pente, très marqués dans la composition.
Le domaine comprend plusieurs dépendances contemporaines du château : conciergeries, communs, écuries, manège, chaumière, ancien presbytère et école ; le manège se distingue par sa charpente en forme de coque de bateau inversée. Les communs abritent aujourd'hui des salles consacrées à l'histoire du château et à la vie locale, l'ancien presbytère, construit à l'époque du Directoire, fut ensuite transformé en laiterie, et la chaumière d'agrément borde l'étang. Pendant la Seconde Guerre mondiale, des classes se tinrent dans les dépendances lorsque les écoles voisines étaient bombardées ; une salle de classe y est reconstituée.
Parc : le parc de 12 hectares se divise en trois parties historiques. La section du XVIIIe siècle s'étend des entrées à la cour d'honneur et comprend allées bordées de tilleuls, ifs à l'italienne, hêtres bicentenaires, roses anciennes, persistants et conifères. La zone restaurée par Russell Page entoure le château, de la cour d'honneur à la grande charmille ; elle comprend deux bassins animés par des jets, des jardins de fleurs divisés en seize triangles, des haies d'ifs, de nombreuses vivaces et un cèdre du Liban du XVIIIe siècle. La partie du XIXe siècle, dite jardin romantique, est située en contrebas près de la chaumière et se compose d'un massif boisé parcouru de cascades dominant un étang, œuvre de Victor Crombez.
Protection : l'inscription du château couvre les façades et toitures, la cour d'honneur (sol et murs de clôture), la terrasse à l'est avec ses murs de soutènement et escaliers ainsi que certaines pièces intérieures et leur décor (chapelle, salons, galerie, antichambre). Sont également incluses les façades et toitures des écuries, des remises et du manège (y compris sa charpente), l'ancienne porte principale et le logement contigu, les deux portails secondaires et l'ensemble des murs de clôture du parc. Le parc, incluant l'ancien presbytère et la maison, bénéficie des protections et du label déjà mentionnés.