Château de Francs à Bègles en Gironde

Patrimoine classé Patrimoine défensif Demeure seigneuriale Château Médiéval et Renaissance

Château de Francs

  • 35-41 Chemin Passerat
  • 33130 Bègles
Château de Francs
Château de Francs
Château de Francs
Château de Francs
Crédit photo : Mairie de Bègles - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XIIe siècle, XVIe siècle, XIXe siècle

Patrimoine classé

Les façades et les toitures (cad. BI 71) : inscription par arrêté du 27 janvier 1975

Origine et histoire du Château de Francs

Le château de Francs, ou des Douze Portes, se situe sur la rive gauche de la Garonne à Bègles, en Gironde. Deux grands corps de bâtiment perpendiculaires forment sa masse ; une tour à pans coupés occupe l’angle rentrant nord-est. À l’est, la partie des salons est plus récente mais conserve des éléments anciens, notamment une porte sous arc plein cintre, et son mur de clôture vient buter sur une tour ronde. La façade sud conserve l’allure d’une maison bourgeoise dont l’entrée est flanquée de deux contreforts, vestiges d’un système défensif du XIIe siècle. Une tour carrée abritant un escalier rectangulaire est incrustée dans la façade ouest ; la façade nord présente une porte d’entrée encadrée de deux pilastres et surmontée d’un fronton demi-circulaire, tandis que le pignon conserve des fenêtres à meneaux. L’ensemble a été remanié au XIXe siècle.

Une forteresse est érigée au XIIe siècle sur une motte féodale entourée de fortifications, de palissades, de fossés, de jardins, de viviers et d’un moulin sur l’Estey de Francs ; la demeure est connue à partir de 1156 sous le nom de La Mothe de Becgles. En 1198, sous domination anglaise, Richard Cœur de Lion confie la seigneurie de Bègles à Pierre de Bègles, mais Hélie Béguey obtient la seigneurie de Jean sans Terre en 1204. Redevenue française, la seigneurie est annexée à Bordeaux par Philippe le Bel en 1295.

Aux XIVe et XVe siècles, la seigneurie passe aux Caupène ; Arnaud de Caupène meurt en 1359 et sa veuve, Jeanne de Mayensan, épouse en 1364 Bertrand de Ségur, qui s’installe au château et le rebaptise « château de Francs ». La tradition des véneries entre les châteaux de Thouars à Talence et de Francs perdure. Le 9 avril 1565, Charles IX séjourne au château ; Catherine de Médicis, Jeanne d’Albret et le jeune roi de Navarre y participent à la réception avant d’embarquer pour une entrée solennelle à Bordeaux. Au XVIIe siècle, Jean-Louis de Nogaret, duc d’Épernon, est l’un des hôtes du domaine lors de son accession en 1622 à la charge de gouverneur de Guyenne, puis le château est réquisitionné pendant la Fronde.

Nicolas-Alexandre de Ségur, qui fait du château sa résidence urbaine, obtient en 1705 le titre officiel de seigneur de Bègles ; propriétaire de plusieurs grands domaines viticoles bordelais — parmi lesquels Château Latour, Château Lafite, Château Pontet-Canet, Château Calon-Ségur et Château Haut-Marbuzet — il introduit ses vins à la cour de Versailles et reçoit de Louis XV le surnom de « Prince des vignes ». La famille de Ségur occupe le château pendant quatre siècles ; autour de la demeure s’étendent jardins, viviers, bosquets et charmilles, et, au sud-est face à la Garonne, un petit pavillon isolé décoré de divans et de fauteuils au velours cramoisi, orné de bustes de membres distingués de la famille, s’ouvrant par douze portes vitrées, lui vaut le surnom de « Les Douze-Portes ». De nombreuses fêtes familiales y sont données jusqu’à la Révolution.

Aux premiers jours de la Terreur, le chevalier Pierre de Cazeaux meurt et la propriété passe à son fils, contraint de vendre sa terre. En 1844, Charles Balaresque acquiert le domaine et tente de relancer le vignoble, le château étant alors classé en appellation Graves ; ses héritiers poursuivent l’embellissement des parterres, pièces d’eau, grotte et clôtures. Les vignes sont atteintes par le phylloxéra en 1906 ; elles sont arrachées et non replantées en raison de la crise économique et du climat pré-guerre.

Le site, son parc et ses abords sont inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques le 18 novembre 1965 ; après un incendie provoqué par la foudre en 1967, le propriétaire Maurice Bastard de Crisnay entreprend une importante restauration en collaboration avec l’architecte en chef des bâtiments de France. En 1970, le petit pavillon des Douze-Portes disparaît lors du tracé de la nouvelle rocade bordelaise ; face aux projets d’urbanisme, une mobilisation conduit à l’inscription du château au sein du site classé le 27 janvier 1975. Le château appartient aujourd’hui à la famille de Bertrand Bastard de Crisnay, fils de Maurice, et les visites publiques et privées se font sur rendez‑vous.

Liens externes