Origine et histoire du Château de Fransu
Le château de Fransu, bâti en 1737, présente un corps de logis en brique et pierre, avec un soubassement partiellement en silex qui laisse supposer la reprise de bases plus anciennes ; un avant-corps en pierre calcaire a été ajouté autour de 1830. Une représentation d'un parc du XVIIIe siècle a été retrouvée, mais seule la grande allée orientée vers l'ouest subsiste aujourd'hui. Un château médiéval existait autrefois dans le parc, près de la rue Madame ; abandonné avant le XVIe siècle par ses seigneurs, il conserva néanmoins sa ferme seigneuriale, fut détruit pendant la Révolution et démantelé dans les premières années du XIXe siècle ; il ne reste de cet édifice que la muche, une carrière souterraine creusée à son emplacement aux XVIe ou XVIIe siècles. La date de 1670, inscrite sur un mur extérieur de l'actuel logis, suggère qu'un premier édifice a été élevé à cette époque, probablement à l'initiative de Marie-Claude de Monchy, épouse de Charles, marquis de Sailly. Par acte du 25 juillet 1737 passé devant maître Lemoine, notaire à Paris, Louis, marquis de Sailly, vend la seigneurie de Fransu à Adrien Jacques Wignier, qui ajoute le nom de la terre à son patronyme ; l'acte ne mentionnant pas de maison seigneuriale, le nouveau seigneur aménage vraisemblablement peu après le bâtiment de 1670 pour en faire une résidence, notamment par l'adjonction d'un pavillon au sud, et l'ensemble reste alors une maison de campagne modeste accompagnée de deux ailes de communs bordant la cour. Au début de juillet 1791, le château est saccagé et partiellement incendié. En 1809, le domaine passe par héritage à Armand Douville (1793-1845), écuyer, officier de cavalerie et futur aide de camp du prince de Croÿ, qui reprend le nom de Franssu. Entre 1833 et 1845, des travaux transforment le logis : un avant-corps central est ajouté, l'extrémité nord est réduite pour dégager l'aile des communs en retour d'équerre sur la cour et un pavillon symétrique à celui du sud est construit. Sous le Second Empire, de nouvelles interventions sont effectuées pour Henri Armand Douville de Franssu (1823-1870) ; le mur de clôture de la cour et la grille sont avancés sur la rue, et les deux ailes de communs sont remaniées et agrandies. La ferme est reconstruite et étendue sur la parcelle voisine A 706, acquise à l'angle de la Grande-Rue et de la rue Madame ; elle comprend une écurie de type régionaliste, une distillerie d'alcool de betterave (système Champonnois) et une huilerie d’œillets avec pilon, selon le projet du 1er juillet 1862 établi par l'ingénieur parisien A. Bonnaterre. La distillerie est signalée comme construction neuve en 1863 et détruite en 1869. Des mentions cadastrales de 1854 et 1862 évoquent des constructions nouvelles et des agrandissements sur la parcelle A 707 (château et communs). L'ancienne distillerie de betterave a fait l'objet d'une étude en 1990 dans le cadre du pré-inventaire du patrimoine industriel de la Somme, et le jardin du château a été repéré lors du pré-inventaire des jardins remarquables de Picardie en 1995 (n° 061D/IA80000434).