Origine et histoire du Château de Gaudiès
La terre de Gaudiès appartenait au début du premier millénaire à l'évêque de Toulouse, qui accorda une charte aux habitants en 1001. Au Moyen Âge, Gaudiès formait l'une des cinq baronnies de l'évêché et le château servait de chef-lieu à la châtellenie. Des éléments de fortification existaient déjà avant le XIIe siècle ; c'est cependant à partir de 1280 que l'évêque Bertrand de l'Isle-Jourdain fit entreprendre la construction d'un édifice autour d'une église de la première moitié du XIIe siècle, achevé au début du XIVe siècle et entouré de fossés. L'enceinte comprenait un corps de logis encadré de deux grandes ailes aujourd'hui disparues et quatre tours d'angle : la tour des Prêtres au sud‑ouest, une grosse tour ronde au sud‑est aujourd'hui ruinée, une tour ronde au nord‑est munie d'une bretèche et d'une guérite, et les restes d'une vieille tour carrée au nord‑ouest. À la fin du XIVe siècle, des maisons furent construites dans la cour par les habitants du village. Aux XVIe et XVIIe siècles, les guerres de Religion marquèrent fortement le site : sous la pression royale d'alors, le cardinal d'Armagnac vendit la baronnie à la fin des années 1560 (vente enregistrée en 1569), le château fut attaqué à plusieurs reprises par des troupes huguenotes et ses fortifications, notamment la tour circulaire, furent gravement endommagées. À la fin du XVIe siècle, la famille de Lévis devint propriétaire et la conserva, avec des interruptions, jusqu'en 1840 ; Jean‑Claude de Lévis fit détruire les maisons de la cour, réparer le logis et édifier un pavillon, travaux poursuivis par sa fille Élisabeth, dont une pierre porte la date du 17 avril 1599. En 1620, Henri de Lévis‑Mirepoix fit restaurer le château en conservant son dispositif défensif : il fit percer de nombreuses fenêtres à meneaux et baies géminées, ouvrir une porte ronde bordée de pierres taillées en pointe de diamant, aménager le logis, restaurer le pont‑levis et faire construire, contre la grosse tour ronde, un bâtiment destiné à la récolte du raisin. Au XVIIe siècle, la seigneurie fit l'objet de contestations entre la famille Lévis et plusieurs archevêques, aboutissant finalement à un règlement en 1669. Entre 1727 et 1740, Joseph‑Christante de Lévis fit abattre la tour ronde orientale ruinée, le pavillon du XVIe siècle et une partie des ailes latérales, puis prolongea le corps de logis sur les fondations de cette tour ; ces vestiges, ainsi que les bases des tours carrées et rondes de l'enceinte, constituent les principaux témoins de l'édifice médiéval. De la première moitié du XVIIe siècle subsistent notamment la façade nord avec ses fenêtres à meneaux, la prolongation orientale du logis et le pont‑levis ; la façade sud et l'aménagement intérieur, reconstruits à la fin du XVIIe siècle et remaniés en 1697 par Joseph Grégoire, ont été réalisés avec des pierres récupérées des ailes démolies. Entre 1967 et 1996 des restaurations ont été menées, comprenant notamment la réalisation d'un cadran solaire et de nouveaux percements. Les façades, les toitures et les vestiges de l'ancienne bâtisse ont été inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 16 mars 1977. Architectoniquement, le château actuel se présente comme un long corps de logis orienté est‑ouest, élevé sur trois niveaux sous toit de tuiles, avec des ouvertures encadrées de briques ; il rappelle par sa disposition l'ancien quadrilatère fortifié, le fossé franchi par un pont‑levis et le jardin à la française qui s'étendait entre le château et la rivière, ainsi que les pigeonniers qui se trouvaient au‑delà du pont‑levis, dont l'un reposait sur neuf piliers.