Origine et histoire du Château de Genas
Le château de Genas, propriété privée située à Cléon-d'Andran en Drôme provençale, présente une architecture classique et ne semble pas comporter d'éléments antérieurs au XVIIe siècle. Bâti en parallélépipède, il est flanqué de deux tours ou pavillons d'aile et son ancien jardin a disparu. Il occupe la plaine des Andrans, à la sortie du village sur la route de Marsanne, entouré par les massifs forestiers de Marsanne, de Saoû et d'Eyzahut. La terre de Cléon-d'Andran fut seigneurie sous l'Ancien Régime et passa successivement entre plusieurs familles, dont les Adhémar, l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, les comtes de Poitiers-Valentinois, les Taulignan, les d'Urre, les Sillol puis les Moutier. Les archives communales ayant été détruites à deux reprises, la chronologie précise des travaux reste partiellement obscure. Les Genas s'installèrent à Cléon par alliances et héritages liés à la famille de Giraud; Blaise de Genas et sa descendance occupèrent le domaine, alors appelé château de Beaulieu. René de Genas, héritier amateur de collections, fit inventorier ses biens en 1739 et laissa des descriptions de l'édifice ; à sa mort le domaine passa selon son testament à l'hôpital Saint-Jean de Valence, puis changea plusieurs fois de mains avant d'appartenir aux propriétaires actuels. Le cadastre napoléonien et des plans anciens permettent d'apprécier la stabilité générale de la façade depuis la fin du XVIIe siècle, malgré des variations dans l'aménagement du parc. Orienté est-ouest pour se protéger du mistral, le corps de logis rectangulaire présente à l'est une « façade décor » de style italien, appréciée pour son acoustique. Les deux pavillons en saillie aux extrémités, ornés de frontons curvilignes et de génoises, sont reliés par des avant-corps bordés de génoises et desservis latéralement par des escaliers à balustres ; une aile sud a été ajoutée au XIXe siècle sans rompre l'équilibre de l'ensemble. L'escalier double à balustres, orné de lions et surmonté des armes de la famille de Genas, constitue l'une des originalités de l'édifice et apparaît dans les descriptions anciennes. Un document du XVIIIe siècle décrit la distribution intérieure : des bâtiments d'exploitation séparés par une grande cour, un rez-de-chaussée voûté abritant une chapelle, et à l'étage une grande salle entourée de chambres principales, cabinets et autres pièces ornées. L'inventaire de 1739 confirme la présence d'un escalier double donnant accès à la salle haute flanquée de trois chambres à droite et trois à gauche, et la disposition des pièces voûtées du rez-de-chaussée correspond à la configuration actuelle. Le parc était pourvu d'un système hydraulique sophistiqué avec bassins et canalisations, alimenté par une éolienne puisant l'eau dans une vaste pièce voûtée traversée par une rivière souterraine ; ce dispositif a disparu. À l'ouest, la cour et les dépendances agricoles incluent une bergerie remarquable, témoignant de la vocation manoriale et agricole du domaine. Le cadastre impérial délimite précisément la propriété ; l'escalier extérieur a été protégé dès 1981 et la totalité du château, son parc, ses murs et sa grille sont inscrits aux monuments historiques depuis le 31 juillet 1989. Le parc est ouvert au public lors des Journées européennes du patrimoine et accueille régulièrement en été expositions, concerts et représentations théâtrales. Les armes des Genas, souvent modifiées au fil du temps, figurent sur le fronton du château et associent le genêt et l'aigle hérités d'alliances anciennes, selon les blasons conservés dans les archives familiales.