Période
XVe siècle, XVIe siècle, 4e quart XVIIIe siècle, 2e moitié XIXe siècle, 4e quart XXe siècle
Patrimoine classé
Château, ainsi que le pigeonnier, le moulin et le bassin à chanvre (cad. B 664, 673, 674, 668) : inscription par arrêté du 7 juin 1995
Origine et histoire du Château de Geniez
Le château de Geniez (également écrit Géniez, Génies ou Géniès) se dresse sur la commune de Sauliac-sur-Célé, dans le département du Lot. Implanté dans un méandre du Célé, il est attesté à partir du XVe siècle et a été renforcé au XVIe siècle ; des décors de gypseries du début du XVIIIe siècle subsistent dans les salles du premier étage. Les sources anciennes donnent des indications divergentes sur ses origines : l’abbé Foissac évoque une donation au XIIIe siècle, tandis que d’autres travaux situent une donation vers 1340 et mentionnent des protagonistes différents, et d’autres auteurs relient l’origine du lignage à une figure du milieu du XIIIe siècle. Des actes des XIIIe et XVe siècles citent des membres de la famille de Geniez parmi les chevaliers de la région et attestent des liens de vassalité et d’hommage avec l’abbaye de Marcilhac, qui possédait la seigneurie de Sauliac. La première mention certaine du château apparaît dans un procès daté de 1459-1461, qui désigne son seigneur et évoque ses dépendances et droits sur la rivière et les pâturages. Selon des études récentes, aucune partie de l’édifice n’est antérieure au XVe siècle, même si une tour à mâchicoulis incorporée au logis occidental pourrait remonter à une occupation plus ancienne liée à la famille de Cardaillac.
Les Génies devinrent protestants durant les guerres de Religion ; le château fut attaqué et pris par les catholiques en 1573, ruiné lors des événements et son propriétaire de l’époque, Gilbert Ier, détenu à Cahors, aurait été assassiné. Peu après, la borie de Geniez passa successivement entre plusieurs mains : vendue en 1576, puis cédée en 1610 à Jean Viguier de Fraust, et ultérieurement transmise par alliances à d’autres familles. Des remaniements et des reconstructions partielles sont attribués à Pierre de Peyronnenc ou à Jean Viguier de Fraust. En 1748, Jacques Salgues acquit la propriété et la transforma pour la moderniser : il fit percer de larges fenêtres à arcs segmentaires, aménager des pièces d’habitation, créer un grand comble mansardé, reprendre les décors intérieurs et ouvrir une loggia sur une terrasse à balustres donnant sur le Célé ; le fief prit alors une vocation agricole. Le château fut abandonné en 1943 après le décès de son dernier propriétaire résident ; le domaine revint par héritage en 1970 à madame Salgues de Genies, épouse Byet, et les héritiers assurent depuis son entretien et des campagnes de restauration. L’édifice a été inscrit au titre des monuments historiques le 7 juin 1995.
Un moulin, lié au domaine, est également attesté depuis le XVe siècle ; il fut détruit en 1778 puis reconstruit à la fin du XVIIIe siècle. De plan presque carré et pourvu d’une arche unique, il illustre l’habitat rural quercynois : moellons calcaires avec chaînes en pierre de taille, toit en pavillon couvert de tuiles plates et lucarne. Vers 1860, tous ses mécanismes et le massif de trois cuves en pierre furent refaits à neuf ; le moulin cessa son activité vers 1935 et, dans les années 1980, il fut vidé de ses installations (trois paires de meules au rez-de-chaussée) pour consolider l’édifice. Subsistent les admissions d’eau, les cuves intactes et, déposé au rez-de-chaussée, le système de quatre gouvernails qui commandait les vannes ; à l’extérieur, deux meules posées au sol rappellent encore sa fonction.