Origine et histoire du Château de Gesvres-le-Duc
Le château de Gesvres-le-Duc, anciennement appelé château de Tresmes, est un édifice partiellement en ruines situé à Crouy-sur-Ourcq, en Seine-et-Marne, en Île-de-France, à environ 22 km au nord-est de Meaux et proche des limites des départements de l'Oise et de l'Aisne. La seigneurie, devenue comté puis duché, porta d'abord le nom de Tresmes, puis celui de Gesvres. Au Moyen Âge, la seigneurie passa dans les familles de Bracque, de Montmorency, d'Aunoy et des Baillet ; en 1577 Charlotte Baillet apporta Tresmes en dot à Louis Potier, marquis de Gesvres, secrétaire d'État sous Henri III et Henri IV. Par lettres du roi Henri IV datées de janvier 1608, Tresmes fut érigée en comté en leur faveur. D'après une gravure de Claude Chastillon vers 1610, le château comprenait alors quatre corps de bâtiments disposés en carré autour d'une petite cour intérieure, cantonnés à chaque angle par un pavillon et entourés de grands jardins réguliers et de douves. Leur fils René Potier succéda comme comte de Tresmes ; il obtint l'érection du comté en duché-pairie par lettres de Louis XIV en novembre 1648, entérinées par le Parlement de Paris le 11 décembre 1663. Vers 1660, René Potier fit renouveler le château par l'architecte François Mansart. Louis XIV autorisa en juillet 1670 la commutation du nom du duché de Tresmes en duché de Gesvres, le nom de Gesvres étant porté dans la famille Potier. Selon un dessin de la collection Gaignières daté de 1711, le château présentait un plan en U avec un corps de logis central cantonné par deux pavillons, deux ailes en retour prolongées chacune par un pavillon plus élevé ; il était implanté sur un vaste terre-plein maçonné en grès, entouré de douves en eau et de parterres. Le dessin mentionne aussi une grande allée, dite « tapis vert », reliant les douves à une petite butte de cinq mètres de hauteur et offrant, au loin, la vue sur les collines environnantes. La titulature du duché se transmit au sein de la famille Potier : René Potier fut suivi par Léon Potier (mort en 1704), puis par François Bernard Potier (décédé en 1739), ensuite par François Joachim Bernard Potier (1692-1757) qui mourut sans postérité, puis par son frère Louis Léon Potier (1695-1774) et enfin par Louis Joachim Paris Potier de Gesvres (1733-1794), dernier titulaire de la branche, qui ne quitta pas la France et fut guillotiné pendant la Terreur sans laisser de descendance. Vers 1810, le château fut démoli, sans doute par la « bande noire », et une maison d'habitation de style XIXe fut reconstruite sur l'emplacement ; les photographies anciennes montrent qu'il ne s'agit pas d'une partie du château disparu. Un plan du domaine daté de 1824 décrit l'ensemble des allées, douves, étangs et bois et présente un plan masse sensiblement comparable à l'état actuel. Au XXe siècle puis au XXIe siècle, le domaine est quasi à l'abandon ; subsistent notamment les douves, le pont qui les franchit et l'un des pavillons d'entrée construit en pierre. Par arrêté du 24 septembre 1975, le pavillon d'entrée subsistant (cad. 1971 E 576) a été classé ; les douves avec leurs ponts ainsi que le portail d'entrée et sa grille (cad. 1971 E 564, 569, 577) ont été protégés, le portail et la grille ayant fait l'objet d'une inscription par le même arrêté.