Période
1ère moitié XVIIe siècle, 3e quart XVIIIe siècle, 2e moitié XIXe siècle
Patrimoine classé
La tour glacière-pigeonnier, 162, rue Jules-Ferry (cad. AB 34) : inscription par arrêté du 3 décembre 2002 - Les ruines du château, 201, rue Jules-Ferry, en totalité, y compris le sol de la parcelle, à l'exclusion de la maison d'habitation installée dans l'ancien commun (cad. AB 42) : inscription par arrêté du 3 août 2007
Origine et histoire du Château de G?ulzin
Le château de Gœulzin, situé au centre du village de Gœulzin (Nord) sur une terrasse voisine de l’église, est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 3 août 2007. Il apparaît pour la première fois dans les sources en 1310 et existait déjà à la fin du XIIIe siècle ; incendié sous Philippe le Bel, il fut rebâti par Enguerrand de Gœulzin. Conçu à l’origine comme une maison-forte, il occupait une plate-forme rectangulaire bordée de larges douves et complétée par une basse-cour trapézoïdale occupée par des bâtiments agricoles. La Sensée, dérivée pour alimenter les douves et irriguer les terres, joue un rôle essentiel dans le dispositif hydraulique du site. Le château faisait partie d’un ensemble d’ouvrages défensifs aux confins de la Flandre, de l’Artois et du Hainaut et conserva cette fonction jusqu’aux destructions qu’il subit aux XVIe siècle. Brûlé à deux reprises au XVIe siècle, il fit l’objet de campagnes de reconstruction qui se poursuivirent au siècle suivant. Au début du XVIIe siècle, Charles-Albert de Longueval, comte de Bucquoy, fit rebâtir le château sur les soubassements en grès de l’ancien manoir, remplaçant les constructions antérieures par des bâtiments en brique et pierre ornés de pignons à pas-de-moineaux. La seigneurie passa ensuite à la famille de Pronville puis, au XVIIIe siècle, à Pierre Taffin ; son fils Jean-Charles-Louis Taffin fit édifier en 1763 une tour abritant une glacière et un colombier et fit reconstruire l’église en 1771. La tour glacière-colombier, de conception originale, est protégée aux monuments historiques ; elle perdit sa fonction avec l’apparition de la glace artificielle au XIXe siècle et fut abandonnée. Des travaux importants aux XVIIIe et XIXe siècles ont modifié les façades, le parc et le réseau d’irrigation, et une galerie néogothique provenant d’un couvent de Metz fut remontée sur la cour. Au XIXe siècle, la régularisation du réseau hydraulique et l’aménagement d’une pièce d’eau alimentée par la Sensée complétèrent la partie paysagère du parc. Pendant la Première Guerre mondiale, le château fut occupé par les troupes allemandes, pillé et laissé à l’abandon ; son état de ruine date essentiellement de cette période. Après la guerre, les douves furent asséchées sur trois côtés et les dépendances furent fragmentées en propriétés distinctes. Le bâti conservé présente un plan en L issu des transformations du XVIIe siècle : le corps sud, cantonné de deux tours rondes coiffées de poivrières, s’appuie sur un fort soubassement en grès percé d’ouvertures, tandis que la longue aile nord comporte des travées irrégulières et des tourelles octogonales qui abritaient des escaliers. Les façades mêlent briques rouges et pierre blanche en chaînages et encadrements, avec lucarnes, frontons curvilignes et pignons à pas-de-moineaux ; certaines parties, dont des toitures et des éléments de terrasse, se sont effondrées. Les communs, qui occupent une grande partie de l’ancienne basse-cour, sont aujourd’hui divisés entre deux propriétaires : M. et Mme Serge Nal possèdent la partie sud transformée en habitation principale, et M. et Mme Éric Dupire détiennent la partie nord et la tour glacière-colombier. La propriété actuelle regroupe 3,5 hectares sur les 25 hectares historiques, comprenant notamment un bois de chasse de deux hectares et la majeure partie de l’étang de Gœulzin ; le manoir de l’ancien pavillon de chasse est devenu une habitation composée d’un rez-de-chaussée et d’un étage avec tour centrale. Les vestiges du château, témoins du passage d’une fortification médiévale à un château de plaisance marqué par des influences françaises et flamandes, justifient sa protection au titre des monuments historiques.