Origine et histoire du Château de Gourdan
Le château de Gourdan se situe à Saint‑Clair, en Ardèche, à 70 km au sud de Lyon, 45 km de Valence et 4 km d'Annonay. Il est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 30 août 1967. Le château actuel a été bâti en 1777 pour remplacer un vieux manoir dont subsiste une aile sud‑est avec une tour ronde, dite « aile de la tour médiévale ». Autrefois, le domaine était considérable : écuries, remises et dépendances témoignent d'un important personnel, environ une quinzaine de personnes pour le service du château, et au début du XIXe siècle il comprenait dix fermes couvrant plus de 1 000 hectares. L'architecte du nouveau bâtiment s'est inspiré des modèles en vogue au XVIIIe siècle et a ménagé des perspectives en intégrant les constructions dans un parc prolongé par un bois servant d'écran végétal. Par sa disposition, son allure et son parterre à la française, Gourdan rappelle les bastides construites autour d'Aix‑en‑Provence et constitue un spécimen rare dans le nord de l'Ardèche, où les autres châteaux sont plutôt féodaux ou datent du XIXe siècle. Le corps principal en L comprend deux ailes ; l'une, de style classique, présente deux niveaux au‑dessus d'un rez‑de‑chaussée, les hauteurs d'étage décroissant pour assurer l'harmonie de l'ensemble. La légère avancée centrale, coiffée d'un fronton et percée de trois fenêtres à chaque étage, renforce les traits classiques du bâtiment. Au rez‑de‑chaussée, une enfilade de salons ornés de parquets dits de Versailles et de boiseries témoigne du caractère de résidence d'agrément et de lieu de réception du château. L'autre aile, probablement datée du début du XVIe siècle, est un vestige de l'ancien manoir ; elle abrite une petite chapelle castrale, un pressoir, un tinal et un chai important où le vin du domaine était produit et conservé jusqu'en 1977. Le parterre à la française, établi sur une terrasse artificielle, confère au château une grande partie de son charme avec ses broderies de buis, ses rosiers et ses caisses à orangers en saison ; cette terrasse est aménagée au‑dessus d'un lavoir et de vastes réservoirs conçus pour alimenter les jardins en eau, recueillant les sources de la colline et les eaux de pluie des toitures. L'orangerie, construite en 1832 et longue de 45 mètres sur 8, pouvait abriter l'hiver une centaine de caisses d'orangers et de camélias. Derrière le château, la cour d'honneur, de caractère plus sévère, est délimitée par les écuries et des remises destinées aux attelages. Plus au nord, l'aile dite de « la Tour Carrée », probablement du XIXe siècle, comprenait, outre la tour vraisemblablement utilisée comme observatoire, une serre chaude, une grande glacière et un chenil. Ces bâtiments dominent le Petit Parc, qui abritait, avant la tempête de 1999, des cèdres majestueux. Le Grand Parc, d'environ trente hectares et entouré de murs, est aujourd'hui aménagé en golf de 18 trous et ne fait plus partie du domaine depuis 1985. Dans le prolongement de l'orangerie, une série de bassins à la provençale a été créée en 2002 dans le Petit Parc. La seigneurie de Gourdan appartint à partir du XIVe siècle à la famille du Peloux, influente dans la région d'Annonay et active pendant les guerres de Religion, notamment par Nicolas du Peloux, gouverneur du marquisat d'Annonay. En 1605, Marguerite du Peloux, héritière du domaine, apporta Gourdan à la famille de Vogüé par son mariage avec Louis‑Guillaume de Vogüé. Pierre de Vogüé entreprit d'importants travaux à partir de 1751 ; neveu du maréchal de Villars, il transmit la seigneurie à son cousin Félix de Vogüé (1714‑1784), qui acheva les agrandissements vers 1780. À la mort de Félix en 1784, le domaine passa à son neveu Eugène de Vogüé (1777‑1854), qui fut président du conseil général et membre de la chambre des pairs en 1828. Pendant la Révolution, le château fut préservé grâce aux interventions de la veuve de Félix et de la mère d'Eugène. Son petit‑fils Eugène‑Melchior de Vogüé, romancier et membre de l'Académie française, vendit la propriété en 1869 à de grands industriels de la région d'Annonay, reflet de l'essor économique local au XIXe siècle. Le château est aujourd'hui une propriété privée : les écuries sont louées pour des réceptions et trois gîtes ruraux ont été aménagés dans l'aile de la Tour Carrée.