Période
XIIe siècle, XVe siècle, XVIIe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Façades et toitures ; cour intérieure pavée et son puits ; escalier d'honneur ; pièces et cheminées suivantes : rez-de-chaussée : salle des gardes, ancienne bibliothèque et sa cheminée, grand salon, vestibule sur le jardin, grande salle Nord et sa cheminée ; premier étage : ensemble de la galerie, salle de l'ancien billard et sa cheminée, chambre Ouest et sa cheminée, cheminées des deux chambres Nord ; jardins en terrasse (cad. B 1464) : inscription par arrêté du 7 décembre 1972
Origine et histoire du Château de Gourdon
Perché à 758 m sur un éperon rocheux dominant la vallée du Loup, le château de Gourdon est une forteresse médiévale remaniée aux XVIe–XVIIe siècles. Le site a été occupé dès l’Antiquité, puis par les Sarrasins entre le VIIIe et le Xe siècle, et une première forteresse est attestée au IXe siècle. Sur ces fondations, les comtes de Provence ont élevé au XIIe siècle une place forte qui a joué, pendant des siècles, le rôle de sentinelle sur la frontière avec le comté de Vintimille. Le château et les remparts ont résisté à de nombreuses agressions et ont conservé une fonction défensive jusqu’à l’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale ; l’après-guerre a vu le village s’orienter vers le tourisme.
La seigneurie appartint successivement aux comtes de Provence, à la famille de Grasse-Bar, puis aux Villeneuve ; elle passa ensuite aux Borriglione d’Aspremont avant d’être acquise à la fin du XVIe siècle par Louis de Lombard, qui obtint des lettres patentes royales en 1597. Les Lombard firent reconstruire et modifier le château après les guerres de religion : des arcades et le premier étage datent de 1610, et un second étage a été élevé en 1653. Durant la Révolution, les défenses furent partiellement mutilées : le donjon nord fut abattu et les tours réduites d’un étage. La propriété changea de mains au XIXe et au XXe siècle, passa à une propriétaire américaine qui y ouvrit un musée en 1938, puis fut successivement cédée à d’autres propriétaires ; le château a été ouvert au public à partir de 1950, inscrit à l’inventaire des monuments historiques en 1972 et fermé au public au début des années 2010.
Architecturalement, l’édifice résulte de trois campagnes : de la forteresse sarrasine subsistent l’organisation générale, trois tours rondes et la muraille nord ; la place forte du XIIe siècle laisse le plan général et des éléments de courtine ; les remaniements des Lombard au XVIIe siècle donnent au logis son architecture actuelle en trapèze asymétrique, des arcades inspirées de modèles contemporains et des façades en pierres de taille. La façade ouest, qui servait de rempart, présente des meurtrières et des gargouilles ; la façade sud, donnant sur les jardins, est encadrée par deux tours arrondies. Une terrasse au sud, plantée de tilleuls, s’appuie sur de vastes caves voûtées et une citerne, et domine le Riou en contrebas ; le parc et les jardins, prolongés au‑west par un jardin d’inspiration classique, ont fait l’objet d’aménagements modernes dont le jardin de l’Apothicaire réagencé vers 1970.
L’intérieur conserve de grandes salles voûtées, cheminées monumentales et éléments décoratifs de différentes époques. La salle d’armes du XIIe siècle devient salle à manger et abrite un mobilier et des armes des XVIe–XVIIIe siècles ; la chapelle présente des œuvres et boiseries de diverses écoles et périodes ; d’autres salles exposent armures, mobilier ancien et peintures, tandis que des caves et cuisines subsistent au sous-sol. Des inscriptions dans la cour mentionnent les travaux des Lombard au début du XVIIe siècle et plusieurs anciennes structures, comme une citerne, sont encore visibles. Le château reste un témoin complexe de l’histoire militaire, seigneuriale et muséographique de Gourdon.
