Origine et histoire du Château de Gramont
Le château de Gramont, situé dans la commune de Gramont (Tarn-et-Garonne) à la limite du Gers, domine la petite rivière de l'Arratz qui serpente entre les coteaux de la Lomagne. Il est associé à la mémoire du chevalier Arnaud Guilhem de Barbazau, surnommé le "chevalier sans reproche" et le "restaurateur du royaume et de la couronne de France", qui, après avoir vaincu six représentants de l'armée anglaise en combat singulier, obtint le droit de porter les armes pleines de la Maison de France ; mort des suites de ses blessures en 1432, il fut inhumé à Saint-Denis avec les honneurs royaux. Le château est également lié à Jean-Jacques Le Franc de Pompigna, poète et fondateur de l'Académie de Montauban, dont l'ascendance maternelle possédait la terre de Gramont. Des sources évoquent Simon de Montfort remettant le domaine à un membre de la famille de Montaut (Eudes ou Odon selon les écrits). Le bâti forme un ensemble en équerre, avec une branche nord correspondant au logis primitif du XIIIe siècle et une aile Renaissance ajoutée au XVIe siècle. Le corps quadrangulaire primitif est épaulé au sud‑est par une tour carrée dite Tour Simon de Montfort, découronnée et abaissée de trois mètres au XIXe siècle ; de l'ancien château, il ne subsiste guère que cette tour fortifiée. L'aile Renaissance, d'inspiration classique, se compose d'un corps central quadrangulaire encadré de deux pavillons ; l'appareil gothique des façades provient d'éléments d'une forteresse du XIVe siècle qui occupait l'éperon rocheux, à l'emplacement des terrasses sud. Au sud‑ouest de la tour, des écuries et le portail à bossages datent du XVIIe siècle et ont remplacé l'ancien pont‑levis. Des restaurations du XIXe siècle ont renouvelé les fenêtres à croisée de pierre, les échauguettes, les archères et la charpente. Les remaniements et reconstructions successifs touchent les XIVe, XVIe, XVIIe et XIXe siècles, notamment l'adjonction d'une aile avec escalier droit et plusieurs cheminées au milieu du XVIe siècle, liée à la famille de Voisins après le mariage vers 1492 de Françoise de Montaut de Gramont avec Guillaume de Voisins. L'accès se fait par un châtelet à porche orné de sculptures de style gothique ; en franchissant ce châtelet on pénètre dans l'aile Renaissance percée de fenêtres à meneaux. Un escalier voûté d'ogives, hélicoïdal et sans noyau central, mène à un petit oratoire. Les pièces conservent des éléments d'époque : pavements d'origine, cheminées monumentales, plafonds à la française et mobilier ancien. Le château a appartenu à plusieurs familles au fil du temps ; ses derniers propriétaires, M. et Mme Dichamp, en ont fait don au Centre des monuments nationaux. Les façades et toitures, ainsi que le grand salon de réception et l'escalier droit intérieur, sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 21 février 1973 ; le reste du château est inscrit depuis le 1er avril 1947.