Période
XVIe siècle, XVIIe siècle, XIIIe siècle, XXe siècle
Patrimoine classé
Le mur avec le portail du XVIIe siècle bordant la rue longeant l'église : inscription par arrêté du 17 avril 1947 - Le château (à l'exception des parties classées) ainsi que le parc et les terrasses (à l'exception de la terrasse classée) (cad. D 267) : inscription par arrêté du 24 février 1987 - Les façades et toitures du château ; la terrasse avec le mur de soutènement ; le châtelet d'entrée ; à l'intérieur : le salon du Roi, la chambre de la Reine, la chambre de Madame de Sévigné, la salle de la Salamandre, la galerie des Adhémars, l'entrée voûtée (cad. D 267) : classement par arrêté du 17 décembre 1993
Origine et histoire du Château de Grignan
Le site de Grignan occupe d'abord un domaine agricole gallo‑romain devenu dépendance de l'évêque de Die. Une fortification est attestée dès le Xe siècle et un château bâti vers l'an 1000 a depuis disparu ; l'enceinte en grand appareil pourrait dater du courant du XIe siècle. Dès 1106 la présence du château favorise le regroupement des habitations et une enceinte castrale est probablement édifiée au XIIe siècle. Dans la seconde moitié du XIIe siècle les Adhémar de Monteil s'implantent progressivement ; une branche cadette, les Adhémar de Grignan, détient la seigneurie en 1239. Pour assurer la sécurité de leurs terres, les seigneurs obtiennent en 1257 du comte de Provence le statut de terre adjacente de Provence, avec privilèges et autonomie fiscale et judiciaire. La seigneurie devient une baronnie à la fin du XIIIe siècle et, au XIVe siècle, les défenses des portes sont renforcées ; en 1410 les habitants de Grignan sont exemptés du service de garde de nuit au château. Aux XIIIe et XIVe siècles, les Adhémar font édifier l'ouvrage d'entrée, la nouvelle chapelle Saint‑Romain et une partie du logis seigneurial, puis renforcent l'ouvrage d'entrée et la poterne à la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle. Entre la fin du XVe et le début du XVIe siècle, Gaucher Adhémar fait doubler en profondeur le logis seigneurial, ajoute une galerie reliée par un escalier droit à la chapelle et aménage de nouveaux appartements. Louis Adhémar poursuit au XVIe siècle la transformation du château : le maître‑maçon Anthoine Soysson est associé aux travaux, la cour du puits est réalisée vers 1540‑1545 et la terrasse qui couvre l'église est contemporaine de ces aménagements. La façade sud dite « François Ier » est entreprise au milieu du XVIe siècle ; la façade méridionale, construite entre 1551 et 1558, reprend un vocabulaire Renaissance entre deux tours médiévales réaménagées. Au XVIIe siècle des percements classiques sont ouverts sur l'aile sud et, entre 1684 et 1693, l'aile dite des prélats est édifiée pour Jean‑Baptiste, archevêque d'Arles, et Louis‑Joseph, évêque de Carcassonne, Florent Loiseleur figurant parmi les maîtres‑maçons. Madame de Sévigné séjourne à trois reprises au château et y meurt le 17 avril 1696 ; elle est inhumée dans la collégiale Saint‑Sauveur. Aux XVIIe et XVIIIe siècles le château est adapté aux besoins résidentiels ; les propriétaires Félix du Muy n'y effectuent que peu de modifications, hormis la suppression du pont‑levis. À la Révolution le château subit une destruction systématique à partir de 1793‑1794 : la toiture et de larges portions de la grande façade sont abattues et les matériaux vendus aux enchères, tandis que le mobilier est dispersé. En 1794 le domaine est restitué au général du Muy mais demeure en ruine et fait l'objet de pillages. À partir de 1838 Léopold Faure engage des consolidations et des restaurations, notamment sur le châtelet d'entrée, et entreprend des consolides en style néo‑gothique et la création d'une tour au nord‑ouest. Au début du XXe siècle le comte Boniface de Castellane puis son cousin Raymond dispersent des éléments architecturaux ; Marie Fontaine, propriétaire de 1912 à 1937, finance ensuite une importante restauration des ruines de 1913 à 1920 sous la direction de l'architecte J.-F. Julien, à l'exception des ruines de la chapelle Saint‑Romain et de l'extrémité nord de l'aile des prélats. Les restitutions menées sous l'impulsion de Marie Fontaine et de Mgr Meffre cherchaient une grande fidélité documentaire, mais certaines reconstitutions, notamment de la façade sud, ont été critiquées par des analyses ultérieures. Le château conserve des éléments remarquables, comme la tour Sévigné et des vestiges Renaissance, et a été protégé par des inscriptions et classements successifs (éléments inscrits en 1947, inscription du château, du parc et des terrasses en 1987, classement d'éléments supplémentaires en 1993). Le rez‑de‑chaussée de l'ouvrage d'entrée a été aménagé pour l'accueil du public en 1992 et le site présente aujourd'hui des pièces et collections au visiteur.