Origine et histoire du Château de Grignols
Le château de Grignols, situé sur la commune de Grignols en Dordogne (Nouvelle-Aquitaine), est une propriété privée dont les parties les plus anciennes remontent au XIIIe siècle. Il fait l'objet d'une protection au titre des monuments historiques. Établi sur une hauteur dominant d'une cinquantaine de mètres la vallée du Vern, il occupe la partie orientale du Landais. Un premier Château-Vieux en bois serait implanté aux Ve-VIe siècles à l'emplacement où subsistent trois mottes castrales et les vestiges d'une tour du Xe siècle, entre le Soutenac et le Puy de Lagarde. Après les invasions normandes, un nouveau château fut élevé vers le Xe siècle plus à l'ouest, sur un promontoire surveillant la route de Bordeaux à Périgueux. La seigneurie semble être passée à la maison des comtes de Périgord, probablement par mariage ; avant 1243 Archambaud II en fit donation à Boson de Grignols, dit Boson Talleyrand, issu d'une branche collatérale. La famille de Talleyrand conserva ensuite le titre de seigneur, puis de comte de Grignols jusqu'à la fin du XIXe siècle. C'est probablement au XIIIe siècle que les parties fortes du château furent reconstruites. Au XIVe siècle, la châtellenie de Grignols comprenait dix paroisses : Bourrou, Bruc, Grun, Jaure, Manzac, Neuvic, Saint-Léon, Saint Paul de Serre, Vallereuil et Villamblard. Placé sous tutelle anglaise en 1303, le château fut assiégé pendant la guerre de Cent Ans et pris par le maréchal Louis de Sancerre en 1376. Entre 1495 et 1505, Jean de Talleyrand transforma l'édifice en construisant deux pavillons rectangulaires dotés de vastes salles, tout en conservant ou en ajoutant des éléments défensifs tels que courtines et meurtrières. Le château fit l'objet de plusieurs sièges au cours des guerres de religion : assiégé en 1584 par les Huguenots sans être pris, il fut néanmoins investi par le vicomte de Turenne en novembre 1587 après la bataille de Coutras, tandis qu'en 1588 des troupes levées par le maire et les consuls de Périgueux repoussaient les Huguenots au moulin de la Peyre, près de Grignols. En 1594, il fut de nouveau assiégé lors de la jacquerie des croquants. La châtellenie fut érigée en comté en 1613 par Louis XIII. Pendant la Fronde en 1652, les troupes du prince de Condé canonnèrent la forteresse, la pillèrent et la brûlèrent. Déjà en ruines au XVIIIe siècle, un état des lieux dressé en 1756 signale « un mauvais logement qui sert au concierge et la prison qui est en assez bon état, le restant du château étant écroulé ». En 1793, lors de la Révolution, les ornements accessibles furent détruits ou endommagés, notamment des bas-reliefs représentant des blasons ou des fleurs de lys. Sans descendance, Hélie-Roger-Louis de Talleyrand-Périgord mourut en 1883 et légua ses terres à l'hôpital de Chalais, qui revendit les ruines en 1902. Le 12 octobre 1902, André Jouanel acheta la propriété pour la préserver. Le site est inscrit au titre des monuments historiques le 31 mars 1928 pour l'ensemble de ses vestiges. Au XXe siècle, les propriétaires entreprirent des travaux de restauration et meublaient le château. Sur le plan architectural, la forteresse comprenait au nord-ouest, au niveau inférieur, une enceinte englobant une partie du bourg avec trois portes et une église dédiée à sainte Marie. Plus à l'est et sur un niveau plus élevé, la basse-cour s'étendait sur environ 150 mètres de long sur 60, entourée de remparts épais de deux mètres et hauts de huit à dix mètres, où avaient été édifiées cinq maisons appartenant à des seigneurs locaux. Le château lui-même, de forme triangulaire, formait la limite orientale des fortifications et était séparé de la basse-cour par des fossés larges d'environ sept mètres. Les vestiges visibles aujourd'hui correspondent à ces différentes phases d'occupation et de transformation.