Origine et histoire du Château de Grillemont
Le château de Grillemont, situé à La Chapelle-Blanche-Saint-Martin (Indre-et-Loire), appartient au patrimoine protégé et fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par arrêté du 9 mai 1989. La châtellenie relevait de Ligueil. Une importante forteresse, initialement défendue par des douves et des étangs, fut élevée entre 1460 et 1470 par Bertrand de Lescost, gouverneur de la ville et du château de Loches. Vers 1465, Roland de Lescoët en devint propriétaire ; à cette époque Louis XI se rendit à Grillemont en compagnie de Tristan L'Hermite et d'Olivier Le Daim. Le donjon fut partiellement rasé en 1739 pour remblayer la cour d'honneur, et les mâchicoulis de deux tours ouest furent supprimés ; la même année la seigneurie fut acquise par le fermier général François Balthazard Dangé d'Orsay, puis passa en 1771 à son neveu René-François-Constance Dangé d'Orsay. En 1798 Joseph Hippolyte Collineau, armateur à Nantes, acheta la propriété ; il la céda ensuite à Louis-Auguste Pilté-Grenet, qui l'échangea avec le comte de Gasville contre le château de Tracy-sur-Mer. Le domaine fut acquis en 1850 par Gérasime Lecointre ; Pierre Lecointre et son épouse Henriette Delamarre de Monchaux confièrent la restauration à l'architecte Charles Guérin. En 1928, Georges Lecointre, petit-fils de Gérasime et géologue, s'installa au château ; il y poursuivit ses travaux scientifiques tout en modernisant l'exploitation agricole avec son épouse Solange et leur fille Colette. Durant la Seconde Guerre mondiale, le château accueillit successivement un département du Ministère du Commerce, un détachement de l'armée allemande avec 500 chevaux, une caserne de douaniers allemands, des prisonniers (846 personnes y furent incarcérées) puis des religieuses de l'hôpital Saint-Gatien de Tours. Colette, devenue comtesse Christian de Saint-Seine (1920-2017), contribua plus tard à la notoriété du lieu par son élevage de lévriers, l'exploitation d'un cynodrome et un élevage innovant de chèvres laitières. Le château est ouvert au public depuis les années 1980, pour des visites et des réceptions.
De la forteresse médiévale subsistent trois tours et d'épais murs de courtine, percés ultérieurement d'ouvertures ; les douves ont été comblées. L'édifice actuel se compose d'un corps de bâtiment encadré de deux prolongements en retour d'angle, formant une organisation autour de la cour d'honneur, située à l'emplacement de l'ancien donjon et conservant l'ordonnance du XVIIIe siècle. L'aile orientale était autrefois prolongée par un bâtiment de briques, détruit et remplacé par un petit pavillon construit dans le style du XVIIIe siècle, tandis qu'un autre pavillon prolonge l'aile opposée. La cage d'escalier, conçue au XVIIIe siècle, a été remaniée au XIXe siècle. Sous le Second Empire, le salon de musique fut décoré avec un faux marbre évoquant l'époque du Directoire, comprenant des pilastres cannelés dont les chapiteaux sont reliés par une frise ornée. Les importants communs, construits au troisième quart du XVIIIe siècle, sont implantés au nord selon un plan en U ; leurs trois ailes s'organisent autour d'une cour rectangulaire. Le château et ses communs sont protégés ou classés selon les parties.