Origine et histoire du Château de Guillaume le Conquérant
Le château Guillaume-le-Conquérant, perché sur un éperon schisteux dominant la cluse de l'Ante à Falaise (Calvados), est un ancien château fort célèbre comme lieu de naissance de Guillaume le Conquérant et comme résidence princière. Propriété de la commune, il est classé au titre des monuments historiques (liste de 1840). Les premières fortifications en pierre datent du Xe siècle ; les vestiges visibles relèvent surtout des XIIe, XIIIe et XVe siècles. Au XIe siècle une enceinte maçonnée fut établie, puis Henri Ier Beauclerc fit ériger vers 1123 un grand donjon-palais quadrangulaire de tradition anglo-normande. Ce grand donjon repose sur des fondations antérieures, mesure 26,60 m de long sur 22,80 m de large, s'élève à 22 m et présente des murs de 3,15 à 3,50 m d'épaisseur, des contreforts et un accès volontairement difficile. L'organisation intérieure combine fonctions résidentielles et défensives : la grande salle, la chambre seigneuriale et une chapelle palatiale dédiée à saint Prix occupaient l'étage ducale, l'étage supérieur abritait la garnison et la toiture servait de poste de guet. Un second donjon quadrangulaire, dit « petit donjon », ajouté au XIIe siècle, offre environ 14 m sur 10 m pour 14 m de hauteur ; il est davantage domestique, communique avec la grande salle et comporte de grandes baies, une cheminée ornée et une tourelle attenante dont la fonction reste incertaine. Vers 1207, après l'annexion de la Normandie par le roi de France, la tour Talbot, de plan circulaire et strictement défensive, fut élevée ; elle a 15 m de diamètre, 30 m de hauteur et des murs d'environ 4 m d'épaisseur. L'ensemble est complété par une enceinte du XIIIe siècle, d'environ 600 m de périmètre et flanquée d'une quinzaine de tours, précédée autrefois d'étangs défensifs ; l'esplanade accueillait autrefois la chapelle, le logis du gouverneur, des casernes, des ateliers et des écuries. Le château a servi de place forte, de prison d'État et de résidence ; il connut plusieurs sièges pendant la guerre de Cent Ans et les conflits ultérieurs. Abandonné au XVIIe siècle, il fut utilisé comme carrière de pierre et ses étages supérieurs furent arasés ; un collège occupa la basse-cour à partir de 1809 jusqu'à la destruction de certains bâtiments et de la chapelle romane Saint-Nicolas lors des combats de 1944. À partir de 1864 l'architecte Victor Ruprich-Robert mena des travaux de restauration qui contribuèrent à sauver les donjons. Des aménagements destinés au public furent réalisés entre 1987 et 1997 sous la conduite de Bruno Decaris, qui ajouta un avant-corps contemporain abritant un escalier et une réplique de pont-levis, choix ayant suscité des controverses et des procédures judiciaires. Depuis la fin des années 2000 l'enceinte a été restaurée pour restituer l'aspect défensif du site et, en 2013, une nouvelle scénographie a introduit des tablettes HistoPad et des lunettes stéréoscopiques HistoCam permettant de superposer reconstitutions médiévales et vues actuelles. Les donjons, lisibles dans leurs volumes et leurs dispositifs, témoignent des différentes étapes de l'architecture castrale et des usages successifs du lieu. Le château est aujourd'hui ouvert à la visite.