Origine et histoire du Château de Hautefort
Perché sur un éperon rocheux dominant le village de Hautefort, le château occupe les bases d'une forteresse médiévale dont il ne subsiste aucune trace des constructions du XIIe siècle et dont quelques maçonneries remontent au XVe siècle. Au XIIe siècle, le troubadour Bertrand de Born possédait la vicomté d'Hautefort ; il prit parti dans le conflit opposant Richard Cœur de Lion et Henri Court‑Martel, et, après la mort de ce dernier en 1183, le château fut assiégé huit jours puis pris par le roi d'Angleterre; Bertran de Born conserva cependant sa seigneurie et releva partiellement la forteresse. Reconstruit à partir de la fin du XVIe siècle et surtout au XVIIe siècle, sans doute lors de l'érection du domaine en marquisat, l'édifice évoque nettement les châteaux de la Loire et constitue l'un des rares exemples d'architecture classique en Dordogne. Construit sous la direction des architectes Nicolas Rambourg puis Jacques Maigret pour la branche des marquis de Hautefort de la maison de Gontaut, le château adopte un plan en U encadré par de grosses tours rondes reliées par une muraille portant une terrasse ; le fond de la cour est occupé par un grand corps de logis et une aile en retour domine une vaste plateforme à l'est. Propriété des Born-Hautefort de 1160 à 1398 puis, de 1398 à 1887, de la maison de Gontaut‑Hautefort, le domaine a longtemps été associé à ces familles. Généreuse envers les pauvres, la famille fit ériger dans le village un hospice de style comparable à celui du château ; pendant la Révolution, les habitants défendirent le bâtiment contre une troupe venue d'Excideuil et contribuèrent à le préserver. Tombé en délabrement au début du XXe siècle, le château perdit mobilier, boiseries et parquets avant d'être racheté en 1929 par le baron et la baronne de Bastard, qui le restaurèrent et le remeublèrent, puis l'ouvrirent au public en 1958. Après la mort du baron en 1957, la baronne poursuivit seule la restauration, mais le corps de logis central fut détruit par un incendie le 30 août 1968 ; soutenue par la population locale et des souscriptions, elle entreprit une reconstruction fondée sur photos et documents, restituant façades, charpentes, décors et boiseries, dont certaines proviennent du château de Kerlaudy. En 1977 la baronne put réoccuper le château et en 1984 elle en fit donation à la Fondation du château de Hautefort, qu'elle présida jusqu'à son décès en 1999 ; la fondation, reconnue d'utilité publique en 1990, a poursuivi la restauration des intérieurs. Les jardins à la française, reconstitués par les mêmes propriétaires et répartis en parterres de broderies de buis, entourent les terrasses ; ils sont classés, de même que les façades, les toitures, les douves, le grand escalier, certaines galeries, salons et la chapelle, par arrêtés pris respectivement en 1958 et 1967. Un parc paysager de type anglais s'étend sur trente hectares à l'ouest du château. Aujourd'hui restauré et en partie ouvert à la visite, le château demeure un bel exemple des demeures seigneuriales périgourdines des XVIIe et XVIe siècles, marqué par ses transformations successives et son rôle durable dans l'histoire locale.