Origine et histoire du Château de Herrebouc
Le château de Herrebouc, situé à Saint-Jean-Poutge dans la vallée de la Baïse, doit son nom à la famille de Herrebouc, dont les variantes gasconnes et francisées incluent Herreboc, Herraboc, Ferrebouc et Ferrabouc. Édifice d’origine médiévale, il a été remanié lors d’une campagne de travaux au début du XVIIe siècle qui lui donne en grande partie son aspect actuel ; le plafond du rez-de-chaussée conserve des vestiges partiels de cette période et les communs datent également de ces transformations. Implanté dans un vallon près d’un moulin plutôt que sur une éminence, le château s’apparente au type gascon de « salle » : murs épais de 1,60 m, mâchicoulis et bretèche attestent d’une vocation défensive, notamment pour protéger le moulin voisin. Il est implanté à proximité d’un gué sur la Baïse, voie de communication reliant notamment Auch et Éauze, ce qui lui conférait un rôle stratégique dépassant la simple protection du moulin. La construction remonte au XIIIe siècle ; un acte de 1344 mentionne Pelegrine de Ferrabouc rendant foi et hommage pour le « Ferrabouc supérieur », et la seigneurie resta dans la famille de Herrebouc jusqu’au mariage en 1392 de Mondine de Herrebouc avec Bernard VI de Castelbajac. Après une période pendant laquelle les propriétaires résidèrent ailleurs, le domaine fut acquis au début du XVIIe siècle par la famille Verduzan, qui fit percer des fenêtres à meneaux, ouvrir les baies du rez-de-chaussée, aménager un grand escalier intérieur et décorer les murs de peintures dont subsistent quelques fragments. En 1780 le domaine passa à Antoine Hector de Cours ; pendant la Révolution le château échappa à la saisie comme bien national. Le site est inscrit au titre des monuments historiques en 1926, ses communs et son moulin le sont depuis 2002, et deux tables d’autel ont été classées en 2008. De plan presque carré (13,30 m sur 12,20 m pour une hauteur d’environ 16 m), le bâtiment principal est couvert d’un toit à quatre pans ; trois angles sont dotés d’échauguettes carrées en encorbellement reposant sur des mâchicoulis et elles-mêmes coiffées d’un toit à quatre pans. À l’origine le rez-de-chaussée était pratiquement aveugle ; des fenêtres à meneaux ont été percées au XVIe siècle sur les trois niveaux supérieurs, et un chemin de ronde reliait autrefois les échauguettes, laissant supposer la présence de créneaux. Parmi les aménagements postérieurs furent signalés une terrasse entourée de balustres et un grand parc avec jardins à l’anglaise, parterres et temple de Vénus. Le château comprend plusieurs caves, dont une principale voûtée en berceau plein cintre orientée nord-sud. Le bâtiment occupe l’angle sud-est d’un quadrilatère fermé par des murs où les communs forment les deux côtés opposés ; la chapelle à chevet plat a aujourd’hui disparu mais trois ouvertures cintrées rappelant ses travées subsistent dans le mur sud. Sur le côté ouest se trouvaient la sacristie, plus tard remplacée par un pigeonnier à haut toit à quatre pans et l’étable ; le chai, dont la charpente est portée par deux piliers cylindriques, occupe le côté est, et l’angle nord-est abrite un logis d’appoint plus élevé. Le pigeonnier, dont la corniche repose sur des consoles, présente des traits de l’architecture de l’époque d’Henri IV, tandis que le chai est vraisemblablement d’une date plus tardive et que des murs médiévaux sont encore visibles dans les dépendances de la maison du métayer. Le moulin, situé à trente mètres au sud dans une courbe marquée de la Baïse, est le plus imposant de ceux établis le long de la rivière ; il conserve une base médiévale intacte et sa construction est contemporaine de celle du château. Le mobilier comprend deux tables d’autel, l’une préromane et l’autre romane, et l’une d’elles, qui avait servi de soubassement à la cheminée du rez-de-chaussée, est datée de l’an 990.