Origine et histoire du Château du Hohlandsbourg
Occupé dès l’âge du Bronze, le site du Hohlandsbourg comporte une acropole fortifiée qui sera abandonnée à la fin de la protohistoire avant d’être repris à la fin du XIIIe siècle. Le château primitif fut édifié à la fin du XIIIe siècle (1278–1279 selon les sources) par Sigfrid (Siegfried) de Gundolsheim, schultheiss ou prévôt de Colmar, avec l’autorisation du roi Rodolphe de Habsbourg. En décembre 1281, alors que les travaux étaient presque achevés, il fut assiégé et pillé par Otto IV d’Ochsenstein et les habitants de Colmar ; les Habsbourg récupérèrent la seigneurie au plus tard en 1289. Remis en fief à des chevaliers locaux, le Hohlandsbourg prit le rôle de garnison impériale et connut la construction d’une vaste enceinte destinée à loger une troupe permanente. Mentionné en 1303 comme gardé par un ministériel et une garnison réduite, il perdit ensuite une partie de son importance administrative lorsque le siège de la seigneurie fut transféré à Kientzheim et fut fréquemment engagé à partir du XIVe siècle. Après des successions de seigneurs — parmi lesquels les Ribeaupierre puis les Lupfen — le château fut vendu en 1563 à Lazare de Schwendi, qui entreprit des travaux de modernisation pour l’adapter à l’artillerie : ajout d’un ouvrage avancé au nord renforcé par un bastion, porte est précédée d’un pont-levis et construction de communs contre la courtine sud. Malgré ces améliorations, la garnison permanente resta modeste, mais le site figura parmi les lieux visités par des personnages de marque. Pendant la guerre de Trente Ans, le Hohlandsbourg fut successivement occupé et pillé par diverses troupes ; il perdit ses canons lors du départ des Suédois et fut, au cours des années 1630, incendié et démantelé par les belligérants, rendant le château inutilisable. Classé au titre des monuments historiques dès 1840, il fit l’objet de fouilles sporadiques dès le XIXe siècle et de recherches organisées à partir de 1966, qui mirent notamment en évidence l’occupation protohistorique. Au milieu des années 1980, un important chantier de valorisation touristique fut lancé afin de transformer la ruine en pôle d’attraction ; ces travaux, menés sans toujours respecter les procédures archéologiques, entraînèrent la destruction de couches stratigraphiques et la perte d’informations, ce dont témoignent les opérations de fouilles menées ensuite en 1998 et 2004 pour tenter de reconstituer la séquence. Des travaux plus récents ont porté sur l’aménagement d’un pavillon d’accueil avec billetterie et boutique, d’espaces d’exposition, d’un théâtre de plein air, d’un espace pédagogique et d’un pôle de restauration, transformant le site en équipement touristique et culturel tout en s’appuyant sur les connaissances archéologiques disponibles.
