Origine et histoire du Château de Jumilhac
Le château de Jumilhac se situe à Jumilhac-le-Grand (Dordogne, Nouvelle-Aquitaine), en Périgord vert, dominant d'une cinquantaine de mètres la confluence de l'Isle et du ruisseau du Ruchalait, au sud-ouest du bourg et à une quinzaine de mètres au nord de l'église Saint-Pierre-ès-Liens. Il occupe l'emplacement d'un ancien château fort connu dès le XIIe siècle et a été édifié et remanié entre les XIIIe et XVIIe siècles, avec des ailes ajoutées sous Louis XIV. Propriété privée ouverte à la visite, il appartient aux descendants des Chapelle de Jumilhac, la famille de La Tour du Pin, et fait l'objet de restaurations permanentes. La seigneurie, divisée au Moyen Âge entre plusieurs familles (La Porte, Bruchard, Coignac, Crevant), dépendait des vicomtes de Limoges puis des seigneurs d'Excideuil. Antoine Chapelle réunit les parts de la seigneurie en 1581 après son mariage avec Marguerite de Vars, reçut le titre de comte de Jumilhac en 1597 et fit agrandir le château où il mourut en 1603. En 1655, son petit-fils François Chapelle de Jumilhac fit élever le comté en marquisat et fit réaménager l'édifice au milieu du XVIIe siècle en agrandissant notamment les deux ailes et en créant le portail d'entrée. Le domaine fut séquestré à la Révolution en raison de l'émigration d'Antoine Pierre Joseph Chapelle de Jumilhac et occupé par la municipalité. Acquis en 1822 par le financier Gabriel-Julien Ouvrard, il passa ensuite par les familles Rochechouart, Étienne et Say ; vendu en 1917, il fut divisé en logements et boutiques avant d'être racheté en 1927 par Raymond Odet Chapelle de Jumilhac, qui entreprit sa restauration. Le château est ouvert au public depuis 1964. Il bénéficie de protections au titre des monuments historiques : le corps central classé le 21 décembre 1922, l'aile droite le 20 décembre 1923 et l'aile gauche le 22 mars 1924. L'ensemble se compose d'un corps de logis ceint d'un chemin de ronde posé sur mâchicoulis, ponctué de nombreuses lucarnes de style Renaissance, et agrémenté de tours et de tourelles ; ses toits d'ardoise alternent cônes et pyramides ornés d'épis de faîtage en plomb aux allégories seigneuriales et alchimiques. Un balcon, vestige d'une coursive de service, a été installé au XVIIe siècle pour desservir de l'extérieur les appartements du premier étage. La cour d'honneur, de forme trapézoïdale, est délimitée par le logis à l'ouest, deux ailes au nord et au sud et une muraille de courtine à l'est percée du portail d'accès ; les murs extérieurs de l'enceinte forment un octogone. Les ailes reprennent des dépendances du XVIIe siècle et se terminent par des pavillons d'angle aménagés dans d'anciennes tours de défense qui conservent chemin de ronde et mâchicoulis. Au sud-ouest, des jardins à la française, rénovés depuis 1994 et calqués sur une maquette de 1777, reprennent les principes de Le Nôtre ; organisés en terrasses, ils évoquent les thèmes de l'or et de l'alchimie et surplombent l'Isle en bordure de l'église. L'église Saint-Pierre-ès-Liens, ancienne chapelle castrale entre les XIIIe et XVIIIe siècles, conserve une litre funéraire aux armes de Jean-François Chapelle, marquis de Jumilhac, mort en 1693. Un pigeonnier indépendant du domaine subsiste à l'entrée sud du bourg, en bordure de la route départementale 78. Le château a servi de décor à plusieurs tournages, notamment Le Pacte des loups (2001), deux épisodes de la série Nicolas Le Floch (2010), le téléfilm Richelieu, la Pourpre et le Sang (2014) et des scènes du film Kaamelott : Deuxième volet partie 1 tournées à l'été 2024.