Origine et histoire du Château de Kergrist
Le château de Kergrist, situé à Ploubezre (Côtes‑d'Armor), occupe un site à 87 mètres d'altitude, au bord d'un méandre du Léguer, à 4,5 km au sud-sud-est du bourg. Le toponyme Kergrist, littéralement « maison du Christ » en breton, est mentionné sur le cadastre de 1826. Édifié à l'origine comme manoir seigneurial associé à une exploitation agricole, il dépendait d'une chapelle, d'un colombier, d'un moulin à eau reconstruit en 1759 et de fermes exploitées en métayage. L'édifice primitif remonte vraisemblablement au XVe siècle : de cette phase subsistent la tour nord‑ouest octogonale et la partie sud de l'aile ouest, où l'on remarque une ouverture de tir oblique et une lucarne de style gothique flamboyant. La tour nord‑est, datable de la première moitié du XVIe siècle, aurait été élevée vers 1537-1540 par Jean de Kergrist. La seigneurie passe par alliances aux Kergariou puis aux Barbier de Lescoët : au gré des aménagements des XVIIe et XVIIIe siècles, le manoir prend la forme d'un U, la cour est fermée par une porte charretière et une porte piétonne, et des façades orientale et méridionale sont recréées dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, ornées d'armoiries. Pendant la Révolution, la propriété est confisquée, vendue comme bien national, morcelée, pillée, transformée en ferme puis partiellement abandonnée, avant d'être reconstituée par les notaires Pierre et Michel Huon pour être restituée aux anciens seigneurs. Au XIXe siècle la famille Huon de Penanster acquiert le domaine et entreprend d'importantes restaurations : réparations de toitures et de tours, création de lucarnes sur la façade orientale et réaménagement des jardins. Charles et Claire Huon de Penanster font recréer un jardin à la française en terrasse bordée d'une balustrade de granite, complété au nord par des parterres en accord avec la façade Renaissance et au sud par un jardin anglais face à la façade de la fin du XVIIIe siècle. La tour sud‑ouest porte une inscription datée de 1868; la grille du château provient du jardin du Palais du Luxembourg, apportée sous l'égide de Charles Huon, devenu sénateur en 1886. Charles Huon restaure et meuble le château en acquérant boiseries, panneaux et mobilier ancien, et il achète également cinq peintures de l'école de Pierre‑Paul Rubens ainsi qu'une toile attribuée à Luca Giordano. Parmi ces œuvres figurent, exposées dans le château, La récolte de la manne dans le désert (Grand Salon), Le triomphe de l'Amour maternel (plafond d'une chambre) et La rencontre de Bacchus et Ariane (plafond de la salle à manger). Le parc, d'environ quatre hectares, anciennement constitué de prairies descendant vers le Léguer, est profondément remanié au XIXe siècle; de nombreux arbres anciens ont été détruits par la tempête des 15 et 16 octobre 1987. L'ancienne chapelle Saint‑Laurent, aujourd'hui ruiniforme, se situait entre le château et les écuries; la chapelle de Runfao, échangée avec la commune en 1890, est devenue le lieu de sépulture de la famille Huon de Penanster. Les façades du château ont été inscrites au titre des monuments historiques le 20 janvier 1926. Le site comprend encore les anciennes écuries aujourd'hui réaménagées, les ruines de la chapelle et une grande partie de la forêt et des terres environnantes. Le château accueille des expositions temporaires, reçoit chaque année en avril le festival « Plantes et Jardins » organisé par le Lions Club de Lannion et est ouvert aux visites d'avril à septembre.