Origine et histoire du Château de Kerguéhennec
Le château de Kerguéhennec, surnommé le « Versailles breton », est un édifice du XVIIIe siècle situé à Bignan, au nord de Vannes, au cœur d'un paysage rural. Élevé sur les vestiges d'un ancien manoir dont la seigneurie est attestée en 1476, il a été construit dans les premières années du XVIIIe siècle d'après des plans attribués à l'architecte vannetais Olivier Delourme. Le corps central, encadré par un pavillon à chaque extrémité, se caractérise par une architecture d'une grande sobriété, marquée par une sensibilité d'ingénieur ; le château de Loyat, proche et contemporain, en offre une interprétation voisine. Propriété d'un banquier associé à la Compagnie des Indes, le domaine servait alors de lieu de séjour lié aux affaires. Entre 1873 et 1876, le comte Lanjuinais fit entreprendre d'importants travaux de restauration par l'architecte Ernest‑Félix Trilhe, ancien élève de Duban ; les parties hautes furent reprises et le décor intérieur refait selon un goût inspiré des grandes restaurations des châteaux de la Loire et de la mode « à la Mansart ». La composition en U du château et de ses communs fut renforcée par la création d'un bassin central, la construction d'un campanile et l'ouverture d'un porche dans l'axe médian qui marque l'entrée principale. Ces transformations, réalisées avec un apport financier notable du propriétaire, constituent un témoignage de qualité parmi les restaurations de demeures de campagne menées en Bretagne et en Anjou depuis le milieu du XIXe siècle, tout en respectant largement l'esprit du château du XVIIIe siècle d'origine. Le domaine, aujourd'hui propriété du Conseil général du Morbihan, ne se limite pas au bâti : le parc, aménagé d'après un projet d'E. Bühler, ancien collaborateur d'Alphand, s'inscrit dans un ensemble paysager et artistique caractéristique des débuts de la IIIe République. Le site forestier et l'arboretum, où figurent des essences originaires d'Amérique du Nord et d'Amérique du Sud, renforcent l'intérêt botanique du lieu. À partir de 1986, un jardin de sculptures en plein air a été aménagé dans le parc à l'initiative de la direction régionale des Affaires culturelles et du fonds régional d'art contemporain ; il présente une trentaine d'œuvres contemporaines d'artistes internationaux, parmi lesquels Richard Long, Giuseppe Penone, Toni Grand et Dan Graham. Des installations spécifiques ont marqué le parc, comme les mille pots de Jean‑Pierre Raynaud dans l'ancienne serre, le parcours d'eau de Marta Pan et le bouillonnement créé par Malachi Farrell sur le lac initialement conçu comme miroir d'eau. Un centre d'art contemporain a été installé dans les dépendances en 1988 et la programmation, devenue annuelle, occupe désormais aussi le premier étage du château. Le domaine abrite par ailleurs un centre culturel de rencontre qui accueille en résidence musiciens et compositeurs ; il a été dirigé par Denys Zacharopoulos (1992‑1999), Frédéric Paul (2000‑2010), Olivier Delavallade (2011‑2021) et Marie Caër depuis 2022. Depuis 2010, une exposition permanente est consacrée à Pierre Tal‑Coat. Le domaine a accueilli près de 60 000 visiteurs en 2015 et fait l'objet d'un classement et d'une inscription au titre des monuments historiques depuis octobre 1988.
