Origine et histoire du Château de Kerjean
Le château de Kerjean, situé à Saint-Vougay dans le Finistère, est un des plus remarquables exemples d'architecture Renaissance du pays de Léon. La construction du château actuel commence probablement vers 1542 ; d'autres sources situent le départ des travaux autour de 1545, et l'édifice n'est sans doute pas achevé à la fin du siècle. On y décèle une influence de Philibert de l'Orme et d'inspirations italiennes et françaises de la Renaissance. Bâti sur un plan quadrangulaire, il est entouré d'une enceinte munie de remparts et de quatre tours d'angle, témoignant de son caractère à la fois résidentiel et défensif. L'enceinte, de forme trapézoïdale, est remparée et flanquée de petits bastions dotés de casemates permettant des tirs de flanquement ; un fossé sec la ceint et un pont dormant conduit à une double porte. Des travaux sont réalisés au début du XVIIIe siècle, mais l'édifice connaît une dégradation progressive après 1755, avec notamment la destruction du pavillon nord-est, aggravée par les déprédations de la Révolution. La famille Barbier, qui a fait édifier la demeure, puis les Coatanscour qui lui succèdent, marquent l'histoire du site ; Suzanne Augustine de Coatanscour entretient un train de vie somptueux avant d'être arrêtée et guillotinée pendant la Révolution, période pendant laquelle le château est démantelé et son artillerie emmenée à Brest. Confisqué comme bien national, Kerjean sert d'abord de garnison puis est vendu en 1802 à la famille Brilhac, qui procède à la vente de matériaux, contribuant à l'état de ruine. Au cours du XIXe siècle, la propriété passe ensuite aux familles Forsanz puis Coëtgoureden, qui la maintiennent jusqu'à ce que l'État l'acquière et la classe monument historique en 1911. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Kerjean abrita temporairement des collections du château de Brest ; certaines œuvres, dont des statues d'Antoine Coysevox et un canot impérial, rejoindront après la guerre des musées nationaux. Le domaine est mis à la disposition du conseil général du Finistère en 1985 et la restauration de la demeure seigneuriale est achevée en 2005. Propriété de l'État, le château est géré et ouvert au public par l'EPCC Chemins du patrimoine en Finistère ; il a également accueilli le Musée breton, fermé dans les années 2000. Le domaine s'étend sur un parc de 19 hectares aménagé pour mettre en valeur l'architecture exceptionnelle du site. Parmi les vestiges de la puissance seigneuriale se trouvent un colombier de 9 mètres de diamètre daté de 1599, des poteaux de justice et une fontaine près de l'étang ; un puits à trois colonnes illustre le goût pour l'art italien de la Renaissance. Le colombier conserve 984 boulins et présente des vestiges architecturaux notables. La chapelle du château, placée dans un angle de la cour, conserve un clocheton ainsi que des éléments liturgiques et sculptés. En 2011, un parterre régulier a été réaménagé pour agrémenter la promenade autour de l'enceinte et souligner des monuments comme le colombier, les poteaux de justice et la fontaine. Depuis le 1er janvier 2006, le château de Kerjean fait partie, avec quatre autres sites finistériens, de l'établissement public "Chemins du patrimoine en Finistère" qui coordonne leur mise en valeur et leur gestion.