Origine et histoire du Château de Kermerzit
Le château de Kermerzit est situé à Trémel, dans les Côtes-d'Armor, en Bretagne. Transformé en ferme, il présente une cour bordée de bâtiments anciens, une porte gothique flanquée d'une tour ; le colombier se trouve à 120 mètres et le moulin à eau était un ancien moulin banal. La chapelle, aujourd'hui en ruine, occupait l'étage d'un corps de bâtiments à arcades reliant la « métairie de la porte » au logis seigneurial. Le manoir, appelé aussi Kermerzic ou Kervezic, a été fondé au début du XVe siècle par la famille Jourdrain (variantes orthographiques : Jourden, Jourdaen, Jourdran) ; leurs armoiries sont d'azur au croissant d'argent et leur devise servire Deo Regnare est. Le lieu est cité dès le 10 mars 1463 dans un aveu rendu à la cour de Guingamp, l'aveu étant l'acte écrit par lequel le vassal déclare à son suzerain l'entrée en fief, accompagné d'un minu ou dénombrement décrivant le fief. À la Montre de Tréguier en 1503, Jean de Kergrist compara comme curateur et parrain d'Yvon Jourdain, seigneur de Kermerzit, et dut fournir « deux archers en habillement suffisant », indice de revenus substantiels. Au fil des siècles la seigneurie resta dans la famille Jourdain — parmi ses titulaires se trouvent Robert, Allain, Guillaume, plusieurs Yves, Alain, Guyon et Philippe — puis passa par alliances et successions aux familles Kerleau, Le Rouge, Tuomelin, de Bizien, de Launay, de Quélen et, aux XIXe et XXe siècles, à divers propriétaires et preneurs dont des membres des familles de Kersauson, du Dresnay, Prigent et Louédec. Plusieurs seigneurs exercèrent des charges et des fonctions ecclésiastiques ou féodales : Guillaume, mort en 1521, fut aumônier de la reine Anne et professeur au collège de Tréguier ; Guyon (1556-1607) fut prévôt féodé et fut inhumé dans son enfeu à Trémel ; Philippe Jourdain fut également prévôt féodé. En 1707 la métairie de Kermerzic fut louée à Hervé Cariou et Françoise Guillou tandis que le seigneur, François de Bizien, conserva pour son usage le « manoir tant vieux que neuf », la cour, l'écurie sous la chambre blanche, la galerie et les chambres hautes joignant la grande porte cochère, le jardin, le verger, le colombier et le bois taillis. Le contrat de bail de 1707 impose aux preneurs de fournir la paille pour la litière des chevaux du seigneur, autorise le seigneur à cuire dans le four des métayers en fournissant le bois, attribue aux preneurs l'emplacement du vieil étang clos du côté de l'avenue mis en pré, fixe le fermage à 435 livres payables en deux termes et oblige les preneurs à fournir 20 bêtes à la Saint-Michel. Jean‑Marie Séverin de Bizien fit aveu de la seigneurie en 1754 ; Jean‑Marie Gabriel Paul André, comte de Launay, la représenta en 1772 pour un rachat ; le 6 juin 1796 la citoyenne Marie‑Mauricette de Crémeur loua la jouissance de la métairie et du manoir à Yves Guillou pour 660 livres annuelles. En 1881 la comtesse Stéphanie de Quélen du Plessis était propriétaire et loua pour neuf ans la moitié du manoir à Jean Marie Bivic ; en 1891 la comtesse Marie Louise du Dresnay loua l'autre moitié à François Beuzic. En 1917 le vicomte Henri de Kersauson loua une moitié du manoir à Philippe Rivoalen, le bail détaillant les maisons, écuries, crèches, granges, cours et terres concernés et fixant le fermage à 850 francs, plus 50 francs pour certaines terres. Selon les archives de la bibliothèque de Rosmorduc, la famille de Kersauson autorisa le prélèvement de pierres de taille en granit au manoir pour la construction de la nouvelle église de Plounérin. En 1925 le manoir fut vendu aux familles Prigent et Louédec. Le château de Kermerzit a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 3 juin 1927 et il est recensé dans l'Inventaire Bretagne ; il figure également dans la bibliographie consacrée aux manoirs bretons.