Période
3e quart XIXe siècle
Patrimoine classé
Façades et toiture du bâtiment principal (château de l'Anglais proprement dit) ; façades et toiture du bâtiment des garages, en bordure de l'avenue Jean-Lorrain ; ensemble de la parcelle KH 162 constituant la cour et les jardins du château ; bâtiment de la rotonde en totalité, avec son décor, y compris l'escalier souterrain montant vers le château ; à l'intérieur du château : plafond peint et décor des murs de l'appartement du rez-de-chaussée de la tour centrale (ancien vestibule - lot 68) , ensemble des quatre pièces principales en enfilade de l'appartement du premier étage de l'aile sud avec leur décor (lot 53) , ensemble des autres plafonds à décor peint, à savoir : deux plafonds dans l'appartement du rez-de-chaussée de l'aile sud (lot 51) , un plafond divisé par des cloisons dans l'appartement du premier étage de la tour centrale (lot 56) , deux plafonds dont un divisé par une cloison dans l'appartement du premier étage de l'aile nord (lot 60) , un plafond dans l'appartement du deuxième étage de l'aile sud (lot 54) , trois plafonds dans l'appartement du deuxième étage de la tour centrale (lot 57) , un plafond dans l'appartement du deuxième étage de l'aile nord (lot 61) (cad. KH 160, 162) : inscription par arrêté du 20 juin 2000
Origine et histoire du Château de l'Anglais
Le château de l'Anglais est un édifice emblématique de la villégiature niçoise, construit de 1856 à 1858. Il se situe sur les pentes occidentales du mont Boron et donne à la fois sur le boulevard Carnot et l’avenue Jean Lorrain. La parcelle de 22 000 m2 fut acquise en 1856 par Robert Smith (1787-1873), colonel du génie britannique en Inde, qui fit édifier le château en trois ans. Son architecture éclectique s’inspire des constructions néo-mogholes ; les merlons renvoient au Fort-Rouge de Delhi que le colonel Smith avait restauré. Le domaine descendait jusqu’à la mer et comprenait de nombreuses fabriques — tours, belvédères, kiosques, escaliers — toutes conçues dans le même style exotique et fantaisiste. L’édifice suscita rapidement des commentaires contradictoires : en 1861 Émile Négrin évoqua « un quelque chose, cauchemar des architectes classiques », en 1877 Mayrargue parla « d’une admirable villa où tout ce que l’imagination peut rêver de plus extraordinaire a été assemblé avec un art exquis », et Stephen Liegeard le jugea « une bâtisse qui n’est ni un château, ni un palais, ni une tour, ni un bastion, ni une villa, ni une pièce montée, ni un gâteau de Savoie, ni rien qui ait un nom dans aucune langue ». À partir de 1875 la propriété fut achetée par la famille Gurowski de Wezele au fils du bâtisseur, puis revendue à diverses sociétés immobilières qui la morcelèrent en lotissements. Après la Seconde Guerre mondiale le château fut transformé en copropriété et le lotissement de 1949 entraîna la séparation de la rotonde de l’ancienne salle de musique. La rotonde, située en contrebas du bâtiment principal et accessible par un escalier à double révolution, est de plan circulaire et surmontée d’une coupole percée d’ouvertures — lanternons ou oculi — filtrant la lumière naturelle et conférant à l’espace un caractère aérien. Son décor néo-classique contraste avec l’architecture éclectique du château ; le bâtiment est protégé dans son intégralité, y compris son décor intérieur, l’escalier souterrain qui le reliait au château et la coupole. Le jardin botanique du domaine est classé Monument historique et, depuis le 20 juin 2000, le château avec la rotonde sont inscrits au titre des monuments historiques. Après plusieurs changements de propriétaires et une longue période d’abandon, l’édifice a été acquis en 2023 par des particuliers, qui ont confié sa restauration à l’architecte Joe Aoun. Dans les années 1950 une villa attenante, empiétant sur le monument et sur la falaise, fut édifiée ; le projet de restauration prévoit sa démolition et son remplacement par une villa contemporaine implantée en retrait de la falaise afin de dégager la rotonde et de mettre en valeur son architecture. La rotonde s’inscrit enfin dans un ensemble paysager comprenant des jardins d’intérêt majeur qui participent à la mise en valeur patrimoniale du site.