Origine et histoire du Château de l'Échasserie
Le château de l'Échasserie, ancien château fort des XIe et XIIe siècles, servait d’avant-poste des défenses de Tiffauges, à la limite des marches de Bretagne, d’Anjou et du Poitou, sur la commune de La Bruffière. Son nom, l’Échasserie, dérive d’un terme gallo-romain signifiant « la chaussée ». À l’origine, l’ouvrage primitif se limitait à un donjon de bois entouré d’une palissade et d’un fossé, établi le long de la voie romaine reliant Tiffauges à Saint-Georges-de-Montaigu pour faire face aux invasions normandes ; au XIe siècle il fut reconstruit en pierre. La famille Sauvage de Cugand, dite du Pin-Sauvage, apparaît comme propriétaire en 1235 ; Guillaume Sauvage fit alors une donation aux Templiers de la Madeleine de Clisson. La famille Charbonneau s’y installe vers 1250 et y demeure jusqu’en 1738, date où la propriété passe à la famille Servanteau de La Brunière, armateurs aux Sables-d’Olonne. Charles André Augustin Marie Servanteau de l’Échasserie, ancien chevau-léger de la garde du Roi et maire de La Bruffière au début de la Révolution, est mis à mort et « enroché » (enterré clandestinement, sans cérémonie) par des anti‑révolutionnaires de son village le 13 mars 1793 ; il était suspecté d’entretenir des relations ambiguës avec les Bleus et les Blancs. En octobre 1793, une expédition punitive menée par Kléber détruit le château par le feu ainsi que presque toutes les habitations situées entre Saint‑Symphorien et l’Échasserie ; une seule tour subsiste intacte. En 1806 le domaine devient la propriété de Louis Richard de la Vergne ; son fils François Richard de La Vergne, archevêque de Paris, en hérite ensuite, puis la transmission se poursuit par les alliances féminines jusqu’aux familles Couespel du Mesnil, de Quatrebarbes et, actuellement, du Rosel de Saint‑Germain. Par arrêté du 20 octobre 1971, les façades et les toitures de la tour carrée, de la tour du guet et de la tour au chandelier sont inscrites à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Le château a la forme d’un polygone irrégulier à cinq côtés, avec à l’origine cinq tours aux angles ; il n’en subsiste aujourd’hui que quatre. Au nord‑est, la tour dite « au chandelier » se distingue par sa toiture en chandelier ; sa charpente et sa couverture ont été refaites au début des années 1980 et remontées d’un seul tenant par une grue en 1983 (17 t). La partie supérieure de sa couverture porte quatre fleurs de lys et la tourelle est surmontée d’une girouette représentant une allégorie de Louis XIV. Au sud‑est, la grosse tour ronde, ou tour du guet, seule rescapée de l’incendie de 1793, est accolée au logis moderne ; elle présente des créneaux et des mâchicoulis comblés, a été couverte au XVIIe siècle et conserve un escalier en colimaçon conique dont le diamètre diminue et la hauteur des marches augmente en montant, dispositif destiné à gêner un assaillant. La grosse tour carrée du côté sud n’existe plus. Au sud‑ouest, la tour carrée, datée du XIVe siècle, est séparée de la chapelle par une poterne donnant sur les douves ; elle comporte une fenêtre de tir en mâchicoulis orientée vers la douve de l’ancien logis. À l’angle nord‑ouest, la tour ronde est arasée à quelques mètres du sol. Les deux tours carrées encadraient le logis aujourd’hui détruit ; il n’en subsiste que la cheminée du rez‑de‑chaussée, à l’extérieur de la tour sud‑ouest.
L’ensemble est entouré de douves pleines d’eau, larges de 10 à 20 mètres selon les endroits. L’entrée principale se fait à l’est par un pont de pierre franchissant le fossé ; la grille en fer forgé, qui remplace un portail de bois, a été achetée à Nantes après le démontage d’un hôtel particulier du XIXe siècle et ses pointes prennent la forme de fleurs de lys. Le logis seigneurial actuel date du début du XIXe siècle et a été reconstruit avec les pierres de l’ancien logis détruit, situé au sud entre les tours carrées. De la chapelle détruite pendant la Révolution ne subsistent qu’une croix et une stèle accrochées au mur de la tour carrée ; une nouvelle chapelle a été élevée au XIXe siècle par la famille de la Vergne à l’emplacement de l’ancienne. Les dépendances — écuries à l’ouest et courtine au nord — datent également du XIXe siècle ; le logis, la chapelle et les tours sont couverts d’ardoises tandis que les dépendances sont couvertes de tuiles. Deux autres ponts plus étroits donnent accès aux terres au sud et au nord. Les dépendances extérieures, transformées en habitations, s’étendent au nord et au sud ; celles situées au sud forment la zone appelée le Chenil. On peut encore observer la cour, les dépendances intérieures, la cheminée de l’ancien logis, la croix et la stèle de l’ancienne chapelle, la poterne et les différentes tours, ainsi que la charpente de la tour au chandelier.