Origine et histoire du Château de l'Épine
Le Domaine de l'Épine, dit château de l'Épine, est situé sur la commune d'Agonges dans l'Allier et fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 5 mars 1992. Rare exemple de domaine fortifié en Bourbonnais, sa seigneurie est mentionnée pour la première fois en 1322. À l'origine, le site aurait été une motte castrale palissée et protégée par une digue d'argile, avant de prendre l'aspect d'une maison forte rurale dès le XIIIe siècle. Les troubles de la guerre de Cent Ans expliquent le renforcement des défenses : l'aménagement des douves remonterait au début de cette période et les tours d'angle datent du XVe siècle. Les premiers aveux connus associent le lieu à la famille Boutefeu, puis la seigneurie passe aux Saint-Aubin qui la conservent jusqu'à la seconde moitié du XVIIe siècle. Plusieurs actes anciens détaillent la maison forte, ses terres, moulins, granges, vergers et les droits de justice seigneuriale exercés sur les paroisses d'Agonges, Couzon et Aubigny. En 1651 Claude de Saint-Aubin est encore seigneur ; ensuite la famille cesse de résider au domaine entre 1662 et 1685 et la terre change de mains. À la fin du XVIIe siècle la seigneurie revient à la famille Legendre puis à Gilbert-Charles Legendre, dont la fortune est plus tard hypothéquée et vendue dans les années 1749-1751 à la suite d'opérations financières malheureuses. Le registre paroissial d'Agonges relate un assassinat survenu dans la cour du château le 10 janvier 1717, et en 1775 le domaine est tenu par un fermier, Pierre Daumin. Le Domaine de l'Épine présente un plan presque carré organisé autour d'une cour intérieure et entouré de douves toujours en eau, avec logis, grange, écuries et remises disposés le long de l'enceinte. L'enceinte se compose de corps de bâtiments reliés par une courtine qui s'ouvre au sud par une poterne ; l'accès se faisait autrefois par un pont-levis précédant la grande porte en ogive ou la poterne. Les bâtiments, conçus pour la défense, n'offrent que peu d'ouvertures : meurtrières anciennes ont ensuite été agrandies par l'ouverture de baies pour l'éclairage intérieur. On distingue encore trois tours d'angle aux points nord, ouest et sud ; l'existence d'une tour à l'est reste incertaine en l'absence de fondations à cet emplacement. La tour sud-ouest et le petit bâtiment attenant forment l'ensemble le plus ancien ; le petit bâtiment conserve une fenêtre à meneaux en pierre, une ouverture plus ancienne côté route et l'orifice d'un four à pain. Le rez-de-chaussée de la tour sud-ouest, voûté et percé de cinq petites fenêtres et d'une porte en plein cintre, devait servir de chapelle ; au-dessus se trouve le pigeonnier accessible par un escalier. La charpente du pigeonnier présente une structure à deux niveaux avec un très haut poinçon et des dispositifs en forme de roue, et les murs accueillent des boulins cylindriques en terre cuite. À l'intérieur, granges et écuries ont conservé leurs aménagements et leurs charpentes, témoignant de l'organisation économique et agricole du domaine à la fin du Moyen Âge. Conçu selon un modèle répandu en Bourbonnais, le domaine de l'Épine est un des rares exemples bien conservés de ferme fortifiée en carré, entourée de douves et organisée autour d'une cour intérieure.