Origine et histoire du Château de l'Escoublère
Le château de l'Escoublère, ou Écoublère, est un château de style Renaissance du XVIe siècle situé à Daon (Mayenne), à deux kilomètres au nord-est du bourg. La toponymie et la seigneurie de L'Escoublère sont attestées en 1619 et en 1664. Philippe de Salles, originaire de Condé-sur-Noireau et page de Pierre de Valois, prit épouse une dame de l'Écoublère ; la famille de Salles resta propriétaire et c'est Jean de Salles qui fit édifier le château environ deux cents ans plus tard. Le protestantisme se développa dans la région dès 1560 ; des troubles eurent lieu à Angers et des protestants furent présents à Château-Gontier à partir de 1561, la place ayant été prise par les protestants le 1er septembre 1568. À proximité, le manoir de Bressault fut le quartier d'un chef protestant, René de Rouveraye, arrêté le 8 octobre 1572 puis exécuté le 10 novembre ; c'est à cette époque que Jean de Salles, resté catholique, fit renforcer les défenses du manoir. L'analyse architecturale montre deux phases de construction : deux tiers de l'édifice semblent dater de 1530-1535 et la chapelle n'était pas achevée en 1535 ; la mise en défense s'inscrit dans les années 1560-1570, comme l'atteste la date 1570 portée sur le puits. Le fief, vassal de Daon, formait en 1664 un domaine comprenant le manoir avec douves et pont-levis, jardins, vergers, vignes, prés, bois taillis et haute futaie, ainsi que plusieurs métairies et closeries (Onglères, Petit-Mortreux, Trois-Cormerais, Villeneuve, la Robinière, la Morandière, la Vergne) et le fief d'Argenton, entre autres. Le chouan Coquereau fit du château son quartier général et fut tué en y rentrant le 29 juin 1795 ; une inscription est visible sur l'intrados du châtelet. Le château et son puits sont classés monuments historiques depuis le 27 avril 1927. L'édifice, daté vers 1570 par l'inscription du puits et par son style, se compose du corps de logis flanqué de tours d'angle et de tours en façade, et d'un châtelet accessible par une passerelle en pierre remplaçant l'ancien pont-levis. Au-dessus du porche s'ouvre une fenêtre à meneaux en croix, surmontée d'un fronton triangulaire bas portant un écusson central. Les deux tours sont couvertes d'un toit en forme de cloche surmonté d'une lanterne. Les douves, murées, sont profondes et conservent toujours de l'eau. Dans la cour intérieure, le puits est une œuvre soignée : aux angles de sa margelle carrée, quatre colonnes à chapiteaux composites supportent une architrave et une frise portant l'inscription latine « In te, Domine, speravi, non confundar in æternum ; in justitia tua libera me », surmontée d'une coupole imbriquée. La chapelle faisait partie des édifices dont la conservation était jugée utile en l'an XII. La seigneurie appartint longtemps à la famille de Salles : Guy de Salles est mentionné à la bataille du Bourgneuf (1422) par Barthélémy Roger, puis Guillaume de Salles et son fils Guillaume rendent hommage au début du XVIe siècle. Jean de Salles rend hommage en 1533 et 1539, devint seigneur de Maligné par mariage avec Louise Serpillon et fit bâtir le château. René de Salles vit son château de Maligné occupé par les huguenots vers 1590 et rendit aveu pour la garenne de l'Écoublère en 1602. Claude de Salles, époux de Lucrèce Travaux, acheta Haute-Folie en 1612 ; il fut tué à Maligné et inhumé aux Minimes d'Angers le 22 octobre 1622. Urbain de Salles, commandeur de Thévalle, résida ordinairement à l'Escoublère. Jacques de Lancrau, seigneur du Tertre et de la Saudraie, épousa en 1625 Claude de Salles, inhumée à Daon en 1649. René de Rigaud, seigneur de la Tremblaie, décéda le 27 juin 1662 ; son épouse Agnès de Salles épousa ensuite René du Tertre. En 1672 figurent René Sourdrille et, par la suite, René du Guesclin qui, marié à Marie Sourdrille le 1er juillet 1682, eut dix enfants dont René-Olivier du Guesclin (né le 26 avril 1695) qui servit dans les mousquetaires et contracta deux mariages, en 1727 et 1737. Bertrand-Henri-Michel du Guesclin, né le 1er novembre 1743, fut sous tutelle en 1765, colonel d'infanterie en 1778 et mourut sans enfants avant 1791. L'abbé de Scépeaux, mort en 1825, posséda l'Escoublère qui passa ensuite à la fille de sa sœur, Louise-Madeleine d'Aurelle de Champetière, épouse de Jacques de Beynaguet, marquis de Pennautier et vicomte de Saint-Pardoux ; le vicomte de Saint-Jean-Pointis, gendre de ces derniers, vendit l'Escoublère en 1842 à M. Romain Le Motheux.