Origine et histoire du Château de l'Esparrou
Le château de l'Esparrou est une demeure néo-gothique élevée à la fin du XIXe siècle pour une famille de propriétaires viticoles ; il est l'œuvre de l'architecte danois Viggo Dorph-Petersen, qui deviendra par la suite l'architecte attitré de la bourgeoisie roussillonnaise. Il se situe immédiatement au-dessus du coin nord-est de l'étang de Canet-Saint-Nazaire, au sud-est du village de Canet-en-Roussillon, et est contourné au nord et à l'est par l'Agulla del Cagarell ; l'accès se fait par la route départementale D81A. Le toponyme, mentionné au XVIIe siècle sous les formes Lo Sparro et El Esparro, dérive du germanique sparra avec le suffixe latin -onem et a donné le catalan esparra, désignant originellement une barre ou un poteau marquant une limite ou fermant un champ. Le château s'appuie sur un sous-sol à l'anglaise réservé aux services et présente un corps de logis à double profondeur, réparti sur quatre niveaux — entresol, rez-de-chaussée, premier et deuxième étages — et d'une surface au sol d'environ 400 m². La façade principale comporte un corps central de trois travées encadré par deux avant-corps en légère saillie, couronnés de pignons, tandis que les façades latérales sont parfaitement symétriques ; la façade donnant sur le jardin est bordée de deux tours coiffées en poivrière et sa travée centrale est également surmontée d'un pignon. Au rez-de-chaussée, une loggia couverte marquait le centre de la composition ; elle a été transformée ultérieurement en jardin d'hiver vitré. La tour sud-ouest est ouverte au dernier étage, aménagé en loggia belvédère. L'entrée s'effectue par un vestibule central orné de toiles peintes par les artistes roumains Alexis Macedonski (1923) et Grégoire Apostoli (1927). L'entresol abrite un appartement de garde, la salle dite des chasseurs — avec une grande cheminée sculptée d'un chien et de motifs floraux relevant du répertoire Art nouveau — ainsi que lingerie et autres dépendances. Joseph Sauvy, président du tribunal de commerce de Perpignan, qui avait acquis le domaine viticole en 1875, fit aménager autour du château un parc de cinq hectares planté d'essences méditerranéennes telles que chênes-lièges, chênes verts, cyprès, eucalyptus, palmiers et pins. La construction, confiée à Viggo Dorph-Petersen, fait du château l'une de ses premières demeures de prestige dans les Pyrénées-Orientales. Le domaine demeure aujourd'hui une exploitation viticole ; en 2012, les Vignobles Bonfils ont racheté la société d'exploitation et produisent des vins sous plusieurs appellations et indications géographiques. Le château a été inscrit au titre des monuments historiques le 12 octobre 2011.