Origine et histoire du Château de l'Hermitage
Le château de l'Hermitage se situe à Condé-sur-l'Escaut, dans la forêt de Bonsecours, traversée par la frontière entre la France et la Belgique. Construit entre 1786 et 1789 sur des plans de l'architecte Jean-Baptiste Chaussard, il fut élevé pour le prince Anne Emmanuel de Croÿ après des consultations menées par le maréchal-duc Emmanuel de Croÿ avec des architectes comme Ange-Jacques Gabriel et Pierre Contant d'Ivry. Il succède à un édifice antérieur dont subsistent les beaux communs, élevés dans les années 1750 et 1770, où fut signé en 1757 l'acte de création de la Compagnie des Mines d'Anzin par Emmanuel de Croÿ-Solre. Inachevé lors de la Révolution, le château a appartenu, de sa création en 1748 jusqu'en 1966, à la famille de Croÿ, à l'exception de brèves interruptions pendant la Révolution et d'un séquestre après la Première Guerre mondiale. En 1878, la princesse Isabelle de Croÿ s'y maria avec l'archiduc Frédéric d'Autriche. De plan carré et centré, le bâtiment présente une architecture sobre aux proportions majestueuses. Au centre, la salle de bal ou de concert, en rotonde à l'italienne, est entourée d'une galerie portée par seize colonnes corinthiennes et couverte d'une coupole aplatie ; cette pièce constitue l'axe d'où rayonnent les pièces du château et les huit avenues percées en étoile dans la forêt de Bonsecours. Le grand salon de compagnie et la salle à manger se distinguent par leurs somptueux parquets mosaïqués et de marqueterie, ainsi que par de beaux dessus de porte en bas-relief représentant les arts libéraux, dus au sculpteur Cadet de Beaupré. Le parc a conservé, dans ses grandes lignes, son tracé régulier du milieu du XVIIIe siècle, complété à la fin du siècle par des parties dessinées à l'anglaise. Le domaine a retenu l'attention du prince de Ligne dans ses écrits ("Coup d'oeil sur Beloeil et sur une grande partie des jardins de l'Europe", 1781, 1795) et de Georges Louis Le Rouge ("Jardins anglo-chinois" et "Détails de nouveaux jardins à la mode", 1776). Après environ cinquante ans d'abandon, le château, ses communs et leurs abords ont été restaurés entre 1966 et 1980 ; ils ont été revendus en 2001 et ont depuis bénéficié d'une importante remise en état. L'Hermitage est une propriété privée ouverte à la visite. Le château, ses communs et les deux pavillons d'entrée sont classés au titre des Monuments historiques par l'arrêté du 9 décembre 1924, et le parc, son mur d'enceinte ainsi que ses huit grilles d'entrée le sont depuis l'arrêté du 10 novembre 1928.